Poème 'Programme' de Louis ARAGON dans 'Feu de joie'

Programme

Louis ARAGON
Recueil : "Feu de joie"

Au rendez-vous des assassins
Le sang et la peinture fraîche
Odeur du froid
On tue au dessert
Les bougies n’agiront pas assez
Nous aurons évidemment besoin de nos petits
outils
Le chef se masque
Velours des abstractions

Monsieur va sans doute au bal de l’Opéra
Tous les crimes se passent à la Muette
Et cœtera
Ils ne voient que l’argent à gagner Opossum
Ma bande réunit les plus grands noms de France
Bouquets de fleurs Abus de confiance
J’entraîne Paris dans mon déshonneur Course
Coups de bourse
La perspective réjouit le cœur des complices
Machine infernale au sein d’un coquelicot
Ils ne s’enrichiront plus longtemps C’est à leur
tour
Étoile en journal des carreaux cassés
Je connais les points faibles des vilebrequins
mes camarades
On arrive à ses fins par la délation sans yeux
Le poison Bière mousseuse
Ou la trahison
Celui-ci Pâture du cheval de bois
Je le livre à la police
Les autres se frottent les mains
Vous ne perdez rien pour attendre
Il y aura des sinistres sur mer cette nuit
Des attentats Des préoccupations
Sur les descentes de lit la mort coule en lacs
rouges
Encore deux amis avant d’arriver à mon frère
Il me regarde en souriant et je lui montre aussi
les dents
Lequel étranglera l’autre
La main dans la main

Tirerons-nous au sort le nom de la victime
L’agression nœud coulant
Celui qui parlait trépasse
Le meurtrier se relève et dit
Suicide
Fin du monde
Enroulement des drapeaux coquillages
Le flot ne rend pas ses vaisseaux
Secret de goudron Torches
Fruit percé de trous Sifflet de plomb
Je rends le massacre inutile et renie
le passé vert et blanc pour le plaisir
Je mets au concours l’anarchie
dans toutes les librairies et gares

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Commentaires

  1. Dupanloup dans Strasbourg
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    C'est un rendez-vous entre évêques,
    Au joli palais de Strasbourg ;
    On y mange des petits fours,
    On rit dans la bibliothèque.

    Le service est fait par des nonnes ;
    Dans leur regard, que de douceur !
    Restez donc avec nous, mes soeurs,
    Vous nous servez mieux que personne.

    Dupanloup dans les couloirs rôde,
    L'appartement devient obscur ;
    L'effroi, soudain, longe les murs,
    On dirait une haleine chaude.

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