Il n’y a pas d’amour heureux
Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureuxSa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu’on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu’on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n’y a pas d’amour heureuxMon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n’y a pas d’amour heureuxLe temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureuxIl n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs
Il n’y a pas d’amour heureux
Mais c’est notre amour à tous les deuxSeghers, 1946
Poème préféré des membres
gerarddebrennel, Lelys, pablonaudet, deleage, Oyuna, FAB, PalabrasSinTierra, Agatha, douxreveur, ecnaida, verlaine2017 et Anne ont ajouté ce poème parmi leurs favoris.
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Louis ARAGON
Louis Aragon est un poète, romancier, journaliste et essayiste français, né le 3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine et mort le 24 décembre 1982 à Paris. Il est également connu pour son engagement et son soutien au Parti communiste français de 1930 jusqu’à sa mort. Avec André Breton, Paul Éluard, Philippe Soupault, il fut... [Lire la suite]
Aimer n’est pas un tour de force
Aimer n’est pas si dur qu’on croit
Ce n’est pas un chemin de croix
Ni une épreuve qui vous broie
Ni un parcours vers le divorce
Aimer c’est se livrer sans armes
Aimer c’est choisir son destin
C’est chanter dans le clair matin
Même dans les temps incertains
C’est chanter au travers des larmes
Ne plus aimer c’est déchirure
Et c’est son propre coeur blesser
Et c’est maudire son passé
Et sa propre âme détresser
Moi j’en connais qui en moururent
D’aimer il n’est jamais trop tard
Battent deux coeurs à l’unisson
Et tremblent du même frisson
Et chantent la même chanson
Jouant sur la même guitare
Merci à vous Cochonfucius pour votre belle réponse au beau poème d'ARAGON
Fabienne
En inverser le sens est fort louable, mais le divin dans sa plume....merci a Ozon et a Danièle Darrieux ce soir sur Arte.
Écrire (et bien) un "contre poème" en réplique à Aragon, n'est-ce pas oublier que c'est un poème de guerre écrit au plus noir de ces années, début 43 ? Et le dernier vers (à corriger ! il faut lire l'octosyllabe : Mais c'est notre amour à tous deux, et non : à tous les deux) est essentiel. Aragon, en d'autres temps, aura aussi chanté l'amour heureux. Un seul exemple parmi beaucoup d'autres : "Tu m'as pris par la main comme un amant heureux (...) Le bonheur existe et j'y crois" (Le roman inachevé, Prose du bonheur et d'Elsa)
Du temps où nous étions ensemble
N'ayant rien à nous oufrir
Docile à mon désir qui tremble
Ne m'a tu pas, dans un baiser
Ne tu pas donné ton âme
Or le baisée c'est envolé
Mais arme est toujours, Madame
Soyez certain que je l'ai