Promenade
A Emmanuel des Essarts.
Ce n’est pas d’hier que d’exquises poses
Me l’ont révélée, un jour qu’en rêvant
J’allais écouter les chansons du vent.Ce n’est pas d’hier que les teintes roses
Qui passent parfois sur sa joue en fleur
M’ont parlé matin, aurore, fraîcheur,Que ses clairs yeux bleus et sa chevelure
Noire, sur la nuque et sur le front blancs,
Ont fait naître en moi les désirs troublants,Que, dans ses repos et dans son allure,
Un charme absolu, chaste, impérieux,
Pour toute autre qu’Elle a voilé mes yeux.Ce n’est pas d’hier. Puis le cours des choses
S’assombrit. Je crus à jamais les roses
Mortes au brutal labour du canon.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Charles CROS
Charles Cros, né à Fabrezan (Aude) le 1er octobre 1842, originaire d’une famille de Lagrasse (Aude) et mort à Paris le 9 août 1888, est un poète et inventeur français. Passionné de littérature et de sciences, il fut un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l’Institut parisien des Sourds-Muets, avant de se... [Lire la suite]
La muse au jardin se pose
Et le poète, en rêvant,
Voit danser la fleur au vent.
Déjà se fane une rose ;
Aucun arbre n'est en fleur
Dans l'estivale fraîcheur.
Vieux barde à la chevelure
Déjà fort marquée de blanc,
Qu'est-ce qui te va troublant ?
Rien. Le fil du temps qui dure
Dans ce jardin silencieux,
La nature sous mes yeux
L'ordinaire cours des choses,
Le déclin prévu des roses,
C'est la vie.