Poème 'Rêves' de Robert DESNOS dans 'État de veille'

Rêves

Robert DESNOS
Recueil : "État de veille"

Poser sa tête sur un oreiller
Et sur cet oreiller dormir
Et dormant rêver
À des choses curieuses ou d’avenir,

Rêvant croire à ce qu’on rêve
Et rêvant garder la notion
De la vie qui passe sans trêve
Du soir à l’aube sans rémission.

Ceci est presque normal,
Ceci est presque délicieux
Mais je plains ceux
Qui dorment vite et mal,

Et, mal éveillés, rêvent en marchant.

Ainsi j’ai marché autrefois,
J’ai marché, agi en rêvant,
Prenant les rues pour les allées d’un bois.

Une place pour les rêves
Mais les rêves à leur place.

1936

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Commentaires

  1. Maréchal nonchalant
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    J'étais grand maréchal, mais j'aimais trop dormir ;
    Un matin, pour ne pas sortir d'un joli rêve,
    Au pays du sommeil je suis resté, sans trêve,
    L'armée, de mon renfort, n'a pas pu s'affermir.

    Tous ont dit que j'avais saboté ma mission ;
    Mais relativisons, Messieurs cette notion !

  2. Livres trouvés
    ---------

    Une boîte à livres suffit
    Pour qui veut aller à la pêche ;
    Car ces divers bouquins m’allèchent,
    Dont je ne sais qui se défit.

    Nul vendeur n’en tire profit,
    Aucun besoin d’oseille fraîche ;
    C’est tout près des lieux où je crèche,
    Le trajet n’est pas un défi.

    Je prends ceux qui me font envie,
    Ce sont les plaisirs de ma vie ;
    Chaque ouvrage est un univers.

    J’aime surtout ceux des poètes,
    Car je leur pique leurs recettes ;
    Cela réchauffe mon hiver.

  3. Particule qui rêve
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    Mes songes me disent le vrai,
    Eux qui m’enseignent la morale ;
    C’est une règle générale,
    Morphée divulgue des secrets.

    Ils ne sont jamais indiscrets,
    Je n’y vois pas de choses sales ;
    Je découvre de vastes salles
    Qu’animent d’aimables portraits.

    Des astres luisent aux fenêtres ;
    Leur éclat dans mon coeur pénètre,
    Il s’illumine d’un seul coup.

    « Nulle chose n’est interdite
    Aux êtres qui rêvent beaucoup» ;
    C’est la parole qu’ils m’ont dite.

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