Poème 'Si l’aveugle fureur, qui cause les batailles' de Joachim DU BELLAY dans 'Les antiquités de Rome'

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Si l’aveugle fureur, qui cause les batailles

Joachim DU BELLAY
Recueil : "Les antiquités de Rome"

Si l’aveugle fureur, qui cause les batailles,
Des pareils animaux n’a les coeurs allumés,
Soit ceux qui vont courant ou soit les emplumés,
Ceux-là qui vont rampant ou les armés d’écailles :

Quelle ardente Erinnys de ses rouges tenailles
Vous pincetait les coeurs de rage envenimés,
Quand si cruellement l’un sur l’autre animés
Vous détrempiez le fer en vos propres entrailles ?

Etait-ce point, Romains, votre cruel destin,
Ou quelque vieux péché qui d’un discord mutin
Exerçait contre vous sa vengeance éternelle ?

Ne permettant des dieux le juste jugement,
Vos murs ensanglantés par la main fraternelle
Se pouvoir assurer d’un ferme fondement.

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Commentaires

  1. Sans rien escompter == 無所得
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    Il plane au firmament sans livrer de batailles,
    Car de très peu d’ardeurs son coeur est allumé ;
    Il est inoffensif, ce monarque emplumé,
    Lui qui de nul dragon ne brise les écailles.

    Aucun désir pervers, dit-on, ne le tenaille,
    Son fier esprit n’est pas de rage envenimé ;
    Ce grand aigle d’azur, par sagesse animé,
    N’a jamais d’amertume au fond de ses entrailles.

    Ce paisible sujet sourit à son destin,
    Puisqu’il sait que le sort, même s’il est mutin,
    Ne saurait apporter de misère éternelle.

    Il a peu de fortune et peu de jugement,
    Il aime être bercé par les voix fraternelles
    De quelques vieux amis lui parlant sagement.

  2. Ours mal léché
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    C’est un ours négligent, la fourrure en bataille,
    Ses voisins forestiers le traitent d’allumé ;
    Le pluvian gotlibien, son comparse emplumé,
    Le trouve bien gentil, mais sauf quand il déraille.

    Il aime se vautrer sur un lit de broussailles,
    Ce dont, assez souvent, son poil est élimé ;
    Ne croyez surtout pas qu’il en soit déprimé,
    Lui dont, par tous les temps, l’optimisme est sans failles.

    De fruits mûrs en automne il se fait un festin,
    Il dit que c’est parfait pour soigner l’intestin ;
    Il apprécie surtout la saveur des prunelles.

    De la postérité le futur jugement,
    Il préfère, dit-il, l’ignorer sagement,
    Le trouvant plus léger que n’est la coccinelle.

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Joachim DU BELLAY

Portait de Joachim DU BELLAY

Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]

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