Poème 'Tsigane' de Charles CROS dans 'Le coffret de santal'

Tsigane

Charles CROS
Recueil : "Le coffret de santal"

Dans la course effarée et sans but de ma vie
Dédaigneux des chemins déjà frayés, trop longs,
J’ai franchi d’âpres monts, d’insidieux vallons.
Ma trace avant longtemps n’y sera pas suivie.

Sur le haut des sommets que nul prudent n’envie,
Les fins clochers, les lacs, frais miroirs, les champs blonds
Me parlent des pays trop tôt quittés. Allons,
Vite ! vite ! en avant. L’inconnu m’y convie.

Devant moi, le brouillard recouvre les bois noirs.
La musique entendue en de limpides soirs
Résonne dans ma tête au rhythme de l’allure.

Le matin, je m’éveille aux grelots du départ,
En route ! Un vent nouveau baigne ma chevelure,
Et je vais, fier de n’être attendu nulle part.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Navigation approximative
    ---------------------------------

    Rêvant qu'à naviguer je consacre ma vie,
    J'imagine un vaisseau rapide, étroit et long,
    Au coeur des eaux, bien loin des forêts, des vallons
    Et des pistes des bois dans d'autres temps suivies.

    Sur ce pauvre rafiot (et nul ne me l'envie)
    Je poursuis des lutins, des feux, des rêves blonds
    Et le pluvian des mers qui toujours dit : Allons !
    L'aventure océane aujourd'hui te convie.

    Mâts de bois patiné, voiles de tissu noir,
    La nef presque invisible aux approches du soir
    S'en va, jour après jour, d'une paisible allure.

    Plus que l'entrée au port, j'apprécie le départ :
    Négligeant de brosser ma grise chevelure,
    Je manoeuvre un bateau partant pour nulle part.

  2. Sagesse d’un centaure
    -------------

    Humains sont mes discours, chevaline est ma vie,
    Les chemins forestiers ne me semblent pas longs ;
    Souvent ma rêverie s’abrite en un vallon,
    Hasardeuse, imprécise et nullement suivie.

    Les abondants trésors ne me font pas envie,
    Les bijoux sont pour moi des bibelots de plomb ;
    Un cabanon de bois me tient lieu de salon,
    J’y bois du cidre avec les gens que je convie.

    Sitôt que j’ai bien bu, je m’endors comme un loir
    Ou bien je vais flâner dans la clarté du soir ;
    J’aime vagabonder, je vais à bonne allure.

    Quand un ami s’en va, nous fêtons son départ,
    Nous chantons avec lui les chansons qui lui plurent ;
    De chacun de nos coeurs il emporte une part.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS