Poème 'À ***' de René CHAR dans 'Recherche de la base et du sommet'

À ***

René CHAR
Recueil : "Recherche de la base et du sommet"

Tu es mon amour depuis tant d’années,
Mon vertige devant tant d’attente,
Que rien ne peut vieillir, froidir ;
Même ce qui attendait notre mort,
Ou lentement sut nous combattre,
Même ce qui nous est étranger,
Et mes éclipses et mes retours.

Fermée comme un volet de buis,
Une extrême chance compacte
Est notre chaîne de montagnes,
Notre comprimante splendeur.

Je dis chance, ô ma martelée ;
Chacun de nous peut recevoir
La part de mystère de l’autre
Sans en répandre le secret ;
Et la douleur qui vient d’ailleurs
Trouve enfin sa séparation
Dans la chair de notre unité,
Trouve enfin sa route solaire
Au centre de notre nuée
Qu’elle déchire et recommence.

Je dis chance comme je le sens.
Tu as élevé le sommet
Que devra franchir mon attente
Quand demain disparaîtra.

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Commentaires

  1. Craindre de franchir le seuil
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    Je vois un nouveau monde et je reste à la porte,
    La crainte me saisit, la honte me retient ;
    Je sais que je devrais tenir meilleur maintien,
    Cependant, je faiblis, que le diable m’emporte.

    Alors qu’en temps normal, l’audace me soutient,
    Mon âme en ce moment ne se sent pas bien forte ;
    Ma flamme m’abandonne et ma vaillance est morte,
    Quelques frémissements, c’est tout ce que j’obtiens.

    Le désir s’affaiblit, le seuil est toujours là,
    Mais ce portail magique en vain se dévoila :
    Je ne tenterai point cette étrange aventure.

    Quand l’histoire prend fin, le scribe tire un trait ;
    Regrette-t-il ce monde auquel il s’est soustrait ?
    Il y reste attaché, car c’est dans sa nature.

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