Poème 'A M. V. H.' de Alfred de MUSSET dans 'Poésies nouvelles'

A M. V. H.

Alfred de MUSSET
Recueil : "Poésies nouvelles"

Sonnet

Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,
Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.
Puis le coeur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,
Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l’on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu’un hasard nous rassemble,

On s’approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.

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Commentaires

  1. Une amitié ancienne est comme un vieux village
    Où l'on aime se rendre à l'hiver de son âge.

  2. Une amitié ancienne est comme une vieille ferme dans la campagne
    Où l'on aime se rendre à l'hiver sur son âne.

  3. Une amitié ancienne est un champ oublié
    Où lentement s'effeuille un rang de peupliers.

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