Poème 'À un sous-lieutenant' de François COPPÉE dans 'Le Cahier rouge'

À un sous-lieutenant

François COPPÉE
Recueil : "Le Cahier rouge"

Vous portez, mon bel officier,
Avec une grâce parfaite,
Votre sabre à garde d’acier ;
Mais je songe à notre défaite.

Cette pelisse de drap fin
Dessine à ravir votre taille ;
Vous êtes charmant ; mais enfin.
Nous avons perdu la bataille.

On lit votre intrépidité
Dans vos yeux noirs aux sourcils minces.
Aucun mal d’être bien ganté !
Mais on nous a pris deux provinces.

A votre âge on est toujours fier
D’un peu de passementerie ;
Mais, voyez-vous, c’était hier
Qu’on mutilait notre patrie.

Mon lieutenant, je ne sais pas
Si le soir, un doigt sur la tempe,
Tenant le livre ou le compas,
Vous veillez tard près de la lampe.

Vos soldats sont-ils vos enfants ?
Êtes-vous leur chef et leur père ?
Je veux le croire et me défends
D’un doute qui me désespère.

Tout galonné, sur le chemin,
Pensez-vous à la délivrance ?
– Jeune homme, donne-moi la main.
Crions un peu : – Vive la France !

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Commentaires

  1. J'ai croisé le héros à la triste figure
    Auprès d'une forêt où règne un enchanteur,
    Forêt où l'on n'entend aucun oiseau chanteur
    Mais seuls quelques corbeaux de ténébreux augure.

    Avec sa longue lance il eut de l'envergure,
    Mais son vieux canasson marchait avec lenteur
    Et son pauvre écuyer, paresseux et menteur,
    N'était de ceux par qui la gloire s'inaugure.

    Je lui dis : Comme toi, je rôde, je galère,
    Et à bien des égards toi et moi sommes frères ;
    Tu traînes ton courage au long du grand chemin,

    Et moi, entre les murs d'un grand laboratoire,
    Je peine à trouver la démarche exploratoire
    Pour aider à bâtir les outils de demain.

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