Poème 'Alastor' de Louis MÉNARD dans 'Rêveries d’un païen mystique'

Alastor

Louis MÉNARD
Recueil : "Rêveries d’un païen mystique"

Le découragement, la fatigue et l’ennui
Me saisissent, devant l’implacable puissance
Des choses ; loi, destin, hasard ou providence,
Quelqu’un m’écrase, et moi, je ne puis rien sur lui.

Peut-être les démons de ceux à qui j’ai nui
Autrefois, quelque part, dans une autre existence,
Invisibles dans l’air, m’entourent en silence,
Et du mal que j’ai fait se vengent aujourd’hui.

Quelle que soit leur force et quel que soit leur nombre,
Je voudrais bien les voir face à face ; il est temps
Que mon mauvais destin prenne un corps, je l’attends ;

Mais je ne puis toujours lutter ainsi dans l’ombre,
Et s’il faut que j’expie, au moins je veux, pareil
Au fier Ajax, combattre et mourir au soleil.

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Commentaires

  1. Sagesse de Louis Ménard
    --------------------------

    Ta plume, s'éveillant pour combattre l'ennui,
    Sur le patient papier s'exprime avec puissance ;
    D'éloquence, vraiment, t'arma la providence,
    Et ton vaillant discours nous entraîne avec lui.

    Un tel don, cher poète, à nul homme ne nuit,
    Car il donne du sens à la vaine existence,
    Il éclaire l'obscur, il brise le silence
    Et nous fait profiter de ce bel aujourd'hui.

    Tu ne craindras plus rien de tes soucis sans nombre :
    Tu sais ce que tu veux, tu maîtrises le temps,
    L'avenir, ce n'est rien, c'est ce que tu attends.

    Ainsi va, sur sa toile, une araignée, dans l'ombre,
    La tiédeur, la fraîcheur, pour elle, c'est pareil,
    Coeur prêt pour accueillir le retour du soleil.

  2. "Cœur prêt pour accueillir le retour du soleil."

    Non ! répondit Tarentule Acidulée. Que sais-tu de son cœur ?

    Son cœur n'est pas conçu pour jouir de ton soleil -
    La froideur, la douleur, pour elle, c'est pareil,
    Tout sombre sur la toile, acidulé dans l'ombre,

    Le futur ou la mort - Qu'est-ce que tu attends ?
    Je le sais dans tes mots, tu espères du temps
    L'oubli de ton chagrin dans tes verres sans nombre

    Ah ce renoncement, comme en toi il reluit
    Car tu fuis de ce fait ta futile existence
    Il nourrit ma noirceur qui brille en silence
    Et nous seuls pouvons jouir de ce triste aujourd'hui.

    Ta plume, chaque jour peut bien feindre l'ennui,
    Sur le patient papier s'exprime ton errance
    Ton verbe d'éloquence muselle ta souffrance ?
    Ton débit infini n'étouffe pas l'oubli ___

  3. Seigneur Castor de sinople
    -----------------------------

    Ce castor entretient un rêve de puissance ;
    Et c’est un sceptre d’or qu’il veut tenir en main.
    Il a déjà séduit tous les rongeurs de France,
    Sur la planète il veut régner par droit divin.

    Mais cet humble animal, de modeste naissance,
    Pour être notre roi s’agite-t-il en vain ?
    Lui qui croit à son peuple et à la Providence,
    De son triomphe a-t-il aperçu le chemin?

    Il dit qu’il est honnête et songe à la patrie,
    Qu’il sera notre épée et notre bouclier ;
    Qu’il combattra le mal, ainsi qu’un Templier ;

    Castor, mon compagnon, vis donc plutôt ta vie,
    Profite du poisson, profite du beau temps ;
    Surtout, retrouve un peu de ton âme d’enfant.

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Louis MÉNARD

Portait de Louis MÉNARD

Louis-Nicolas Ménard, né à Paris le 19 octobre 1822 et mort à Paris le 9 février 1901, est un écrivain et poète français. Condisciple de Baudelaire au lycée Louis-le-Grand, il entra ensuite à l’École normale. Peu après avoir publié en 1843 un ouvrage intitulé « Prométhée délivré » sous le... [Lire la suite]

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