Poème 'Au cœur de mon amour' de Paul ÉLUARD dans 'Mourir de ne pas mourir'

Au cœur de mon amour

Paul ÉLUARD
Recueil : "Mourir de ne pas mourir"

Un bel oiseau me montre la lumière
Elle est dans ses yeux, bien en vue.
Il chante sur une boule de gui
Au milieu du soleil.

***

Les yeux des animaux chanteurs
Et leurs chants de colère ou d’ennui
M’ont interdit de sortir de ce lit.
J’y passerai ma vie.

L’aube dans les pays sans grâce
Prend l’apparence de l’oubli.
Et qu’une femme émue s’endorme, à l’aube,
La tête la première, sa chute l’illumine.

Constellations,
Vous connaissez la forme de sa tête.
Ici, tout s’obscurcit :
Le paysage se complète, sang aux joues,
Les masses diminuent et coulent dans mon cœur
Avec le sommeil.
Et qui donc veut me prendre le coeur.

***

Je n’ai jamais rêvé d’une si belle nuit.
Les femmes du jardin cherchent à m’embrasser —
Soutiens du ciel, les arbres immobiles
Embrassent bien l’ombre qui les soutient.

Une femme au cœur pâle
Met la nuit dans ses habits.
L’amour a découvert la nuit
Sur ses seins impalpables.

Comment prendre plaisir à tout ?
Plutôt tout effacer.
L’homme de tous les mouvements,
De tous les sacrifices et de toutes les conquêtes
Dort. Il dort, il dort, il dort.
Il raye de ses soupirs la nuit minuscule, invisible.

Il n’a ni froid, ni chaud.
Son prisonnier s’est évadé — pour dormir.
Il n’est pas mort, il dort.
Quand il s’est endormi
Tout l’étonnait,
Il jouait avec ardeur,
Il regardait,
Il entendait.
Sa dernière parole :
« Si c’était à recommencer, je te rencontrerais sans te chercher. »

Il dort, il dort, il dort.
L’aube a eu beau lever la tête,
Il dort.

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Commentaires

  1. Oiseau de proie
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    « De nobles ancêtres me viennent
    D’inimitables qualités ;
    Mon renom, je l’ai mérité,
    Et la grandeur qui est la mienne.

    Sache que mes pareils détiennent
    Sur les tiens, la priorité ;
    Cette évidente vérité,
    Il convient que tu la retiennes ».

    Ainsi parlait un prédateur
    Imitant les prédicateurs ;
    Je l’écoutais sans lui répondre.

    Un coq lui dit alors « Crois-moi,
    Des oiseaux plus futés que toi,
    Mes poulettes peuvent en pondre. »

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Paul ÉLUARD

Portait de Paul ÉLUARD

Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel (14 décembre 1895 à Saint-Denis – 18 novembre 1952 à Charenton-le-Pont ), est un poète français. C’est à l’âge de vingt et un ans qu’il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et est l’un des... [Lire la suite]

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