Cent fois plus qu’à louer on se plaît à médire
Cent fois plus qu’à louer on se plaît à médire :
Pour ce qu’en médisant on dit la vérité,
Et louant, la faveur, ou bien l’autorité,
Contre ce qu’on en croit, fait bien souvent écrire.Qu’il soit vrai, pris-tu onc tel plaisir d’ouïr lire
Les louanges d’un prince ou de quelque cité,
Qu’ouïr un Marc Antoine à mordre exercité
Dire cent mille mots qui font mourir de rire ?S’il est donques permis, sans offense d’aucun,
Des moeurs de notre temps deviser en commun,
Quiconque me lira m’estime fol ou sage :Mais je crois qu’aujourd’hui tel pour sage est tenu,
Qui ne serait rien moins que pour tel reconnu,
Qui lui aurait ôté le masque du visage.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
- Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau...
- Ces cheveux d’or sont les liens Madame
- La nuit m’est courte, et le jour trop me...
- D'un vanneur de blé aux vents
- Déjà la nuit en son parc amassait
- Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon...
- Ces cheveux d’or, ce front de marbre
- Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
- France, mère des arts, des armes et des lois
- Je me ferai savant en la philosophie
- Non pour ce qu'un grand roi ait été votre...
- Doulcin, quand quelquefois je vois ces...
- Si tu veux sûrement en cour te maintenir
- Si onques de pitié ton âme fut atteinte
- Plus riche assez que ne se montrait celle
- Ne pense pas, Bouju, que les nymphes latines
- Ô que tu es heureux, si tu connais ton heur
- Je ne suis pas de ceux qui robent la louange
- Je ne découvre ici les mystères sacrés
- En mille crespillons les cheveux se friser
- Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau... (12)
- Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome (6)
- Celle qui de son chef les étoiles passait (6)
- Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon... (5)
- Encore que l'on eût heureusement compris (5)
- Dessus un mont une flamme allumée (5)
- De voir mignon du roi un courtisan honnête (5)
- C'était ores, c'était qu'à moi je devais... (5)
- Astres cruels, et vous dieux inhumains (5)
- Tout effrayé de ce monstre nocturne (4)
--- Art poétique modeste ---
-----------------------------------
Moi, j'aimerais ne plus jamais écrire en prose,
Ne plus rien raconter sur tout ce qui est gris,
Ne jamais mentionner ce qu'il y a de pourri :
Que sur rime et beauté mes productions reposent.
Que mon vers soit musique et soit un cri de joie,
Que mes quatrains dansants expriment mes désirs,
Et qu'ils soient traversés des aimables zéphyrs,
Beaux comme s'ils étaient anges vêtus de soie.
Que mon oeuvre montant comme une cathédrale
Porte l'argent et l'or pour orner son sommet,
Et que son fier élan ne s'arrête jamais,
Rythmé par des pensées nobles et magistrales.
Ainsi près du comptoir déclamait un buveur
Dont les vers n'étaient point la moindre turpitude.
Chaque jour d'en écrire il avait l'habitude,
Etant un inutile et nébuleux rêveur.
Un compagnon lui dit : « Mais, ton oeuvre est débile,
Tu ne sais pas chanter ni faire des chansons,
Tes récits prennent fin, tous, en queue de poisson,
C'est dur à écouter, ton discours malhabile. »
Du poète la voix quelque peu retomba :
« Je ne suis pas très fort, je m'en suis rendu compte,
Je fais ce que je peux et je n'en ai pas honte,
Car je ne vois pas quoi faire d'autre, ici-bas. »