Complainte des printemps
Permettez, ô sirène,
Voici que votre haleine
Embaume la verveine;
C’est l’printemps qui s’amène!- Ce système, en effet, ramène le printemps,
Avec son impudent cortège d’excitants.Otez donc ces mitaines;
Et n’ayez, inhumaine,
Que mes soupirs pour traîne :
Ous’qu’il y a de la gêne….- Ah! yeux bleus méditant sur l’ennui de leur art!
Et vous, jeunes divins, aux soirs crus de hasard!Du géant à la naine;
Vois, tout bon sire entraîne
Quelque contemporaine,
Prendre l’air, par hygiène…- Mais vous saignez ainsi pour l’amour de l’exil!
Pour l’amour de l’Amour! D’ailleurs, ainsi soit-il…T’ai-je fait de la peine ?
Oh! viens vers les fontaines
Où tournent les phalènes
Des Nuits Elyséennes!- Pimbêche aux yeux vaincus, bellâtre aux beaux jarrets
Donnez votre fumier à la fleur du Regret,Voilà que son haleine
N’embaum’ plus la verveine!
Drôle de phénomène…
Hein, à l’année prochaine ?- Vierges d’hier, ce soir traîneuses de fœtus,
À genoux! voici l’heure où se plaint l’Angelus.Nous n’irons plus aux bois,
Les pins sont éternels,
Les cors ont des appels!…Neiges des pâles mois,
Vous serez mon missel!
- Jusqu’au jour de dégel.
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Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
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