Eponge définitivement pourrie
L’Art aussi, vieille épave à vau-l’eau dans la brume
Flotte. Jadis c’était le Beau, le Pur, l’Eternité,
Maintenant c’est l’alcool où le désir s’allume
Pour les rêves sanglants des spleens des nuits d’été.Trente siècles d’ennui pèsent sur mon épaule,
Dont j’ai pris pour moi seul les rages, les remords.
Si je rime au Néant c’est pour jouer mon rôle.
La nuit, je pleure et sue en songeant á ma mort !Et je vais, énervé d’immenses lassitudes,
N’enviant même plus la foi des multitudes,
Lâche, espérant toujours, pourri, plus bon à rien.Après le jour, la nuit; après la nuit, l’aurore.
-Si je pouvais du moins en retrouver encore,
De ces larmes d’enfant, Ah! qui font tant de bien!
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
- Mettons un doigt sur la plaie
- Dimanches (Je ne tiens que des mois)
- Complainte des débats mélancoliques et...
- Litanies des premiers quartiers de la Lune
- Dimanches (Ils enseignent)
- Complainte des bons ménages
- Dimanches (Les nasillardes cloches)
- Complainte de l'ange incurable
- Nobles et touchantes divagations sous la Lune
- Dimanches (J'aime, j'aime de tout mon...
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire