Poème 'Érinnyes' de Louis MÉNARD dans 'Rêveries d’un païen mystique'

Érinnyes

Louis MÉNARD
Recueil : "Rêveries d’un païen mystique"

ENNUI

Je sais que toute joie est une illusion,
Qu’il faut que tout se paye et que tout se compense,
Et je devrais bénir la dure providence
Qui m’impose l’épreuve ou l’expiation.

Les stériles regrets, la menteuse espérance
N’atteignent pas la pure et calme région
Où le sage s’endort, libre de passion,
Dans la sereine paix de son intelligence,

Je le sais, mais je garde au cœur le souvenir
D’un rêve éblouissant, qui ne peut revenir
Ni dans ce monde-ci, ni dans l’autre : personne,

Ange, démon ou Dieu, n’y peut rien ; j’ai perdu
Un bonheur bien plus grand que ce que le ciel donne,
Et ce bonheur jamais ne me sera rendu.

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Commentaires

  1. Voyage illusoire
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    Maître Coq entreprit un voyage fictif ;
    Sachez qu’en pareil cas, modeste est la dépense,
    Il comptait sur la chance et sur la providence,
    Lui, le globe-trotter, explorateur actif.

    Or, du gallinacé partageant l’espérance,
    On vit se mettre en route un éléphant massif,
    Un paisible animal, nullement impulsif,
    Qui put le soutenir de son intelligence,

    De l’étrange périple, ont-ils le souvenir ?
    Ont-ils été ravis de pouvoir revenir
    Au village, accueillis par le maire en personne ?

    De ce trajet d’antan le récit s’est perdu,
    Comme l’on perd souvent ce que la vie nous donne,
    Ou l’amour, qui jamais ne nous sera rendu.

  2. Bénédictions multiples
    ---------------

    Il faut bénir le songe, il faut bénir l’espoir,
    Et Blaise Pascal dit qu’il faut bénir la peine ;
    Au travers des hasards de l’existence humaine,
    Prier n’est pas honteux, souffrir n’est pas déchoir.

    Bénir ce qu’en ce monde on est content d’avoir,
    Et que ce ne soit pas pour des raisons mondaines;
    Bénir le gain furtif et la perte soudaine,
    Y compris, pourquoi pas, la perte du savoir.

    Sache qu’un inconfort n’est pas une souffrance,
    Que la contrainte aussi peut nourrir l’espérance,
    Qu’aucun petit bonheur ne fut payé trop cher.

    Tant que je suis vivant, je m’efforce de vivre,
    Je ne me plaindrai point que la mort me délivre,
    Dormir d’un long sommeil, c’est l’espoir de la chair.

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Louis MÉNARD

Portait de Louis MÉNARD

Louis-Nicolas Ménard, né à Paris le 19 octobre 1822 et mort à Paris le 9 février 1901, est un écrivain et poète français. Condisciple de Baudelaire au lycée Louis-le-Grand, il entra ensuite à l’École normale. Peu après avoir publié en 1843 un ouvrage intitulé « Prométhée délivré » sous le... [Lire la suite]

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