Poème 'Histoire d’un taureau' de Robert DESNOS dans 'État de veille'

Histoire d’un taureau

Robert DESNOS
Recueil : "État de veille"

Taureau cornu, arqué, braqué sur la surface ensoleillée de l’arène où la lumière est si éblouissante
que l’on distingue à peine de leurs ombres le torero, le picador et les banderillos,
Taureau on n’attend plus que ton bon plaisir pour animer ce désert,
Et, ce désert animé, que ton animation pour manifester l’homme.
Mais il existe des taureaux de nuit,
Avec la lune sur leur front,
Des taureaux noirs, des taureaux blancs
Qui galopent à fond de train dans le sommeil des enfants,
Et dont les mugissements ébranlent les villes,
Et qui meurent dans les étoiles, lentement,
En répandant leur sang dans l’immensité du temps.

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Commentaires

  1. Taureau d'argent
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    Le grand taureau d'argent danse dans le ciel rouge,
    On jurerait pourtant que jamais il ne bouge ;
    Il combattra demain, selon son bon plaisir,
    Mais il n'est point prouvé qu'il en ait le désir.

    Combien plus il voudrait composer des poèmes
    Capables d'émouvoir la génisse qu'il aime ;
    Dans l'arène, il n'a pas pu trouver de papier,
    Ni de scribe attentif pour entendre et copier.

    Taureau, ne t'en fais pas, puisque Robert te chante ;
    Sa plume n'est jamais pesante, ni méchante,
    Il décrira ta vie comme il faut, lentement,
    Non pour le Panthéon, mais pour le firmament.

  2. Taureau extraverti
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    Ce taureau vigoureux vaque à ses amourettes ;
    Je le vois visitant les pâturages verts,
    Lançant de fiers regards et disant quelques vers :
    Son coeur est enflammé par les vaches coquettes.

    Muse, que feras-tu pour ce taureau poète ?
    Pourras-tu l’inspirer sur des sujets divers,
    Porteras-tu remède à ses quelques travers ?
    L’écriture, en effet, n’est pas une amusette.

    Au galant séducteur nous le voyons jouer,
    Chantant des madrigaux jusqu’à s’en enrouer ;
    À son emploi du temps, seul Cupidon préside.

    Il a cueilli des fleurs pour en faire un présent,
    Ça ne coûte pas cher, et c’est toujours plaisant,
    Car le meilleur amour en ces bouquets réside.

  3. Taureau de Rabelais
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    Son breuvage est du vin, ses propos sont des vannes,
    C’est le Taureau suprême, éclatant de santé ;
    De plus d’une génisse honorant la beauté,
    Il serait Dupanloup s’il portait la soutane.

    Son maître a pour demeure une pauvre cabane
    Où le vent peut entrer par les quatre côtés ;
    Ce coin de la campagne est fort peu fréquenté,
    Mais un meunier parfois y promène son âne.

    À midi le taureau boit son vin sans rien dire
    Car il est tout pensif, mais il semble sourire ;
    C’est un noble animal, ce n’est pas un blaireau.

    Montaigne et Rabelais sont ses points de repère,
    Ce sont de beaux recueils qu’il reçut de son père,
    Ainsi que des sonnets, ceux de Clément Marot.

  4. Taureau volant
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    Je plane sur la Crète,
    Cupidon me conduit ;
    Je pense qu’aujourd’hui
    Je vais faire la fête.

    Je suis la noble bête
    Qui les vierges séduit ;
    Parfois, cela produit
    Un monstre à jolie tête.

    Buvant parmi les roses,
    Trois pucelles s’exposent ;
    C’est fort plaisant à voir.

    Dans une danse folle
    Leurs scrupules s’envolent ;
    J’exerce mes pouvoirs.

  5. Plumes et cornes
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    Je suis le bel Ange-Taureau,
    Un vrai recordman de vitesse ;
    Je vis ma vie dans l’allégresse,
    Je suis plus léger qu’un oiseau.

    J’aime aussi draguer, sous les eaux,
    Une sirène enchanteresse ;
    Nous échangeons quelques caresses,
    Elle aime embrasser mon museau.

    Je suis massif, elle est menue,
    Elle est fragile et presque nue,
    Mais ferme comme un bloc de fer.

    Nous sommes d’égale noblesse,
    Un ange avec une diablesse,
    Noces du ciel et de l’enfer.

  6. Grand hippotaure
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    Je suis le neveu de Protée,
    J’aime cet oncle un peu givré ;
    De mes peurs il m’a délivré,
    Car il me les a bien ôtées.

    J’ai pour marraine Galathée
    Dont fut l’auteur enamouré ;
    Je me trouve bien entouré,
    Mon âme en est vraiment flattée.

    Au pré tu m’entendras mugir ;
    Si le goupil vient à surgir,
    Moqueusement je le charrie.

    Des songes peuplent mon sommeil,
    De dryades, de fruits vermeils,
    Et de Notre Dame, Marie.

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