Poème 'La Clairière' de Robert DESNOS dans 'Contrée'

La Clairière

Robert DESNOS
Recueil : "Contrée"

Le socle sans statue, à l’ombre de ces arbres
S’enfonce dans le sol un peu plus chaque jour
Sous l’invisible poids d’un fantôme de marbre
Qui le piétine et le talonne et se fait lourd.

À moins qu’en s’en allant vers un fatal banquet
Le commandeur ne l’ait renvoyé au naufrage.
Comme un caillou qu’on jette à l’eau, du bord des plages,
Il fait mouche à sa cible et rejoint son reflet.

Mais je devrais entendre, au moins, près de l’étang
La fanfare sonnée par Don Juan qui l’invite…
La voici, les échos la portent, je l’entends.
Je sens sous mes deux pieds la terre qui palpite.

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Commentaires

  1. Animaux par douzaines
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    Les animaux chinois, bavardant sous les arbres,
    Vivent par clans de douze, et nous comptons nos jours
    Grâce à leur succession qu'on grave dans le marbre.
    Cinq fois douze pour moi, ça fait déjà bien lourd.

    Changement d'animal, les gens font un banquet,
    Un an de moins, déjà, jusqu'au final naufrage ;
    Un an de moins jusqu'à cette accueillante plage
    Où se perd le nageur, où s'éteint son reflet.

    Douze animaux chinois, la mesure du temps,
    La vie qui nous sourit, la mort qui nous invite :
    Leur chanson à deux voix, chacun de nous l'entend,
    Craignant que le concert ne finisse trop vite.

  2. Grande marée de Seine
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    Le long du boulevard, les flots baignent les arbres,
    Ça ne fait que monter depuis quarante jours ;
    La Sorbonne a baigné ses durs perrons de marbre
    Dans le courant liquide où flottent des corps lourds.

    Les poissons, visitant la salle des banquets,
    Contemplent, fort curieux, les débris des naufrages ;
    Du ciel, l'inondation multiplie le reflet,
    Le fleuve a découvert quelques nouvelles plages.

    De nouveaux ruisselets, puis, de nouveaux étangs
    Où le castor avec la grenouille s'invite ;
    La grande cataracte, au lointain, je l'entends,
    C'est tout près de chez moi, la Bièvre qui palpite.

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