Poème 'La Colombe poignardée' de Jules LEFÈVRE-DEUMIER

La Colombe poignardée

Jules LEFÈVRE-DEUMIER

Il existe un oiseau, dont le pâle plumage,
Des forêts du tropique étonne la gaieté ;
Seul sur son arbre en deuil, les pleurs de son ramage
Font gémir de la nuit le silence attristé.

Le chœur ailé des airs, loin de lui rendre hommage,
Insulte, en le fuyant, à sa fatalité ;
Lui-même se fuirait, en voyant son image
Poignardé de naissance, il naît ensanglanté.

Et le poète aussi, merveilleuse victime,
Qui mêle de son sang dans tout ce qu’il anime,
Arrive dans ce monde, un glaive dans le cœur ;

Et l’on n’a point encore inventé de baptême,
Qui puisse en effacer le stigmate vainqueur :
Cette tache de mort, c’est son âme elle-même.

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Commentaires

  1. Balafrée de rouge,
    La colombe poignardée :
    Miroir de mon âme.

  2. Ambicoq Tétraptère
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    De sinople est son oeil, d’azur est son plumage,
    Ce monstre inattendu n’est pas sûr d’exister ;
    D’un aigle est son regard, d’un coq est son ramage,
    De manquer de panache il n’est pas attristé.

    Au soleil matinal il rend un double hommage,
    Lui dont les deux gosiers ont plaisir à chanter ;
    Au temple du Bouddha nous voyons son image
    Qui peut nous apporter l’honneur et la santé.

    Des rapaces des cieux il n’est jamais victime,
    Il peut les effrayer quand sa vigueur s’anime,
    Héros de basse-cour, gallinacé de coeur.

    Ambicoq Tétraptère est son nom de baptême,
    Lui qui du goupil même est souvent le vainqueur ;
    Vaincu seulement par l’ambipoule qu’il aime.

  3. Oiseau rose
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    Sobre est sa contenance et rose est son plumage,
    Spinoza dit qu’il est satisfait d’exister ;
    Je n’eus point l’occasion d’entendre son ramage,
    Mais n’allez pas penser que j’en sois attristé.

    Aristote et Platon lui rendirent hommage,
    Ont-ils eu l’occasion de l’entendre chanter ?
    Plus d’un recueil antique en comporte l’image,
    Exemple de sagesse et de bonne santé.

    De petits animaux de sa faim sont victimes,
    S’ils le voient arriver, la crainte les anime;
    Ils tâchent de s’enfuir, affirme Paul Ricoeur.

    L’ermite du Jourdain lui donna le baptême
    Au nom du charpentier qui du mal est vainqueur ;
    C’est un joli flamant, c’est un oiseau qu’on aime.

  4. Colombe d’argent
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    Que n’ai-je du corbeau le modeste plumage !
    J’ai de cette blancheur pour ma peine hérité ;
    Je n’y peux rien changer, je dis que c’est dommage,
    Mais je dois accepter cette réalité.

    Et le Créateur veut que je lui rende hommage,
    Peut-être, je devrais ses louanges chanter ?
    De plus, le Saint Esprit contrefait mon image,
    Le troisième larron de notre Trinité.

    Certes, les immortels ont besoin de victimes,
    Et même, pour cela le peuple les estime,
    Mais cela n’en fait pas des dieux selon mon coeur.

    Le fils du charpentier prétend qu’à son baptême
    J’ai chanté qu’il serait des noirs démons vainqueur ;
    Mais il rêve éveillé, vois-tu, c’est son problème.

  5. Baptême d’un dragon
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    Mes trois parrains sont les Rois Mages,
    Trois grands porteurs de vérité ;
    La colombe en son doux ramage
    Dit qu’ils n’ont pas démérité.

    Un diable vint me rendre hommage,
    Qui savait assez bien chanter ;
    Mais que je sois à son image,
    Ce n’est pas vrai, c’est inventé.

    Sur l’autel on tue des victimes,
    On leur rend cet hommage ultime ;
    Des anges dirigent les choeurs.

    Mon trépas sera mon baptême,
    Ne prends donc pas ton air moqueur ;
    Pense à trouver des chrysanthèmes.

  6. Attention
    aux effets
    de l'eau
    bénite.

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