Poème 'La muse malade' de Charles BAUDELAIRE dans 'Les Fleurs du Mal'

La muse malade

Charles BAUDELAIRE
Recueil : "Les Fleurs du Mal"

Ma pauvre muse, hélas ! qu’as-tu donc ce matin ?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
La folie et l’horreur, froides et taciturnes.

Le succube verdâtre et le rose lutin
T’ont-ils versé la peur et l’amour de leurs urnes ?
Le cauchemar, d’un poing despotique et mutin,
T’a-t-il noyée au fond d’un fabuleux Minturnes ?

Je voudrais qu’exhalant l’odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rythmiques,

Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phoebus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.

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Commentaires

  1. Gallicervidé
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    Le gallicervidé s’inquiète, ce matin ;
    Le vague souvenir de ses rêves nocturnes
    Fait que son petit coeur d’un peu d’angoisse est teint,
    Plus qu’à son habitude, on le voit taciturne

    Il ne dit rien au troll, ni même au vert lutin ;
    Le satyre versant le bon vin de son urne
    Ne peut le dérider de quelques traits mutins,
    Il est plus assombri qu’Hadès ou que Saturne.

    Il n’a pas de souci, pourtant, pour sa santé
    Le sentier par la biche est toujours fréquenté,
    L’oiseau bleu lui redit son bel air bucolique.

    Puisqu’il ne peut goûter le vin ni la chanson,
    Il traverse les champs rasés par la moisson
    Afin d’en savourer la vue mélancolique.

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