Poème 'La Route' de Robert DESNOS dans 'Contrée'

La Route

Robert DESNOS
Recueil : "Contrée"

Une route est près d’ici,
J’entends le bruit des voitures,
Le vent, les pas indécis
D’une lourde créature
Qui va, qui vient, qui soupire,
Trébuche sur les cailloux,
Implore, mendie, expire.
Est-ce un dieu ? Est-ce un voyou ?

Lourdement sa main se dresse
Sur la prairie des cheveux.
Elle esquisse une caresse
Et crispe ses doigts nerveux.
Enfin le restant du corps
Surgit droit jusqu’aux nuages
Et le soleil couvre d’or
Le géant des marécages.

Est-ce Hercule ? Ou est-ce Atlas ?
Il marche à travers la plaine.
De son long sans un hélas
Il tombe et perd son haleine.
Il recouvre de sa masse
Le paysage en entier
Et puis plus rien, plus de trace,
Ni colline, ni sentier.

Moins réel que les mirages
Ainsi disparaît celui
Qui voulait dicter aux âges,
Aux vents, aux jours et aux nuits.

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Commentaires

  1. J'ai rêvé toute la nuit
    À des amis d'un autre âge,
    Groupés autour de celui
    Qui partagea mon mirage.

    Nous allions sur un sentier
    Sans laisser la moindre trace ;
    Parcourant le monde entier,
    Ayant du plaisir en masse,
    Et nageant à perdre haleine,
    Faute de navire, hélas !
    Vers une île trop lointaine
    Pour figurer sur l'atlas.

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