Poème 'La vie des morts' de José-Maria de HEREDIA dans 'Les Trophées'

La vie des morts

José-Maria de HEREDIA
Recueil : "Les Trophées"

Au poète Armand Silvestre.

Lorsque la sombre croix sur nous sera plantée,
La terre nous ayant tous deux ensevelis,
Ton corps refleurira dans la neige des lys
Et de ma chair naîtra la rose ensanglantée.

Et la divine Mort que tes vers ont chantée,
En son vol noir chargé de silence et d’oublis,
Nous fera par le ciel, bercés d’un lent roulis,
Vers des astres nouveaux une route enchantée.

Et montant au soleil, en son vivant foyer
Nos deux esprits iront se fondre et se noyer
Dans la félicité des flammes éternelles ;

Cependant que sacrant le poète et l’ami,
La Gloire nous fera vivre à jamais parmi
Les Ombres que la Lyre a faites fraternelles.

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Commentaires

  1. Lutin des carafes
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    La vigne du jardin, c’est lui qui l’a plantée
    En cette terre où sont trésors ensevelis ;
    Au printemps, chaque année, la belle fleur pâlit,
    Elle dont renaîtra la grappe ensanglantée.

    Et la douce boisson que mes vers ont chantée,
    Capable d’engendrer le silence et l’oubli,
    Il va nous l’apporter, marchant d’un lent roulis,
    Ayant dressé pour nous une table enchantée.

    Au fond de la bouteille est un vivant foyer
    Qui peut illuminer la table de noyer
    Dans la félicité des fêtes éternelles ;

    C’est encore meilleur avec quelques amis :
    Le pinard nous fera vivre à jamais parmi
    Les Ombres que Bacchus a faites fraternelles.

  2. Boit-sans-soif
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    Elle ne mange rien, la sorcière édentée,
    La sombre magicienne aux pouvoirs abolis ;
    Elle partage avec quelques démons salis
    Une épaisse potion qui semble ensanglantée.

    Visage de momie, chevelure argentée,
    Elle attend simplement de sombrer dans l’oubli ;
    Ce qu’il reste de vie dans ce corps affaibli,
    Elle en profite un peu, sans en être enchantée.

    Elle n’écoute plus le grillon du foyer
    Qui dans le lourd breuvage a failli se noyer ;
    Elle ne goûte plus sa simple ritournelle.

    Elle confond souvent les noms de ses amis,
    Ne sachant même plus lequel fut son promis ;
    Il lui reste, du vin, la saveur éternelle.

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José-Maria de HEREDIA

Portait de José-Maria de HEREDIA

José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]

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