Poème 'Le couvercle' de Charles BAUDELAIRE dans 'Les Fleurs du Mal'

Le couvercle

Charles BAUDELAIRE
Recueil : "Les Fleurs du Mal"

En quelque lieu qu’il aille, ou sur mer ou sur terre,
Sous un climat de flamme ou sous un soleil blanc,
Serviteur de Jésus, courtisan de Cythère,
Mendiant ténébreux ou Crésus rutilant,

Citadin, campagnard, vagabond, sédentaire,
Que son petit cerveau soit actif ou soit lent,
Partout l’homme subit la terreur du mystère,
Et ne regarde en haut qu’avec un oeil tremblant.

En haut, le Ciel ! ce mur de caveau qui l’étouffe,
Plafond illuminé par un opéra bouffe
Où chaque histrion foule un sol ensanglanté ;

Terreur du libertin, espoir du fol ermite :
Le Ciel ! couvercle noir de la grande marmite
Où bout l’imperceptible et vaste Humanité.

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Commentaires

  1. Astronautes, jadis, ayant quitté la Terre
    Pour aller sur la Lune où le sol paraît blanc,
    Auriez-vous découvert là-bas une Cythère,
    Un paysage empli de trésors rutilants ?

    Fûtes-vous tentés d'être, en ces lieux, sédentaires
    Dans la nuit prolongée et le jour un peu lent,
    De peupler ce bel astre au séduisant mystère
    D'où l'on voit notre monde avec un coeur tremblant ?

    Où, si l'on n'y prend garde, assez vite, on étouffe,
    Où l'on ne choisit point ce qu'on boit, ce qu'on bouffe,
    Où le moindre cratère est un endroit hanté ;

    Point ne sont devenus de lunaires ermites,
    Mais ils salent parfois la soupe en leur marmite
    D'un peu de sel très fin qu'ils en ont rapporté.

  2. Je chemin' sur la terre
    en long surpelis blanc,
    pélerins pour Cythère
    s'en vont plus rutilants

    mais semi-sédentaire,
    ne cours je qu'à pas lents,
    cultivant mon mystère
    sous des rameaux tremblants.

    Redoutant tout étouffe-
    chrétien, jamais ne bouffe
    de bête ensanglantée

    (même un bernard-l'hermite)
    mais bourris ma marmite
    avec humanité.

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