Poème 'Le gouffre' de Charles BAUDELAIRE dans 'Les Fleurs du Mal'

Le gouffre

Charles BAUDELAIRE
Recueil : "Les Fleurs du Mal"

Pascal avait son gouffre, avec lui se mouvant.
- Hélas ! tout est abîme, – action, désir, rêve,
Parole ! et sur mon poil qui tout droit se relève
Maintes fois de la Peur je sens passer le vent.

En haut, en bas, partout, la profondeur, la grève,
Le silence, l’espace affreux et captivant…
Sur le fond de mes nuits Dieu de son doigt savant
Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve.

J’ai peur du sommeil comme on a peur d’un grand trou,
Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où ;
Je ne vois qu’infini par toutes les fenêtres,

Et mon esprit, toujours du vertige hanté,
Jalouse du néant l’insensibilité.
Ah ! ne jamais sortir des Nombres et des Etres !

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Commentaires

  1. Cosmologie approximative
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    Il est, cet univers, chaotique et mouvant ;
    Pas sûr que nous puissions y partager un rêve,
    Ni aux mortes amours trouver une relève,
    Ni sur l’eau naviguer, poussés d’un même vent.

    Des amants ont marché, jadis, le long des grèves.
    Les vagues ont dansé leur ballet captivant,
    Puis un oiseau magique, inconnu des savants,
    A charmé leurs deux coeurs par une chanson brève.

    Pour cet étrange instant, ce jour est advenu !
    Aucun de ces deux-là ne s’en est souvenu,
    Même en songeant le soir, auprès d’une fenêtre.

    D’une extase n’est plus leur quotidien hanté ;
    Leur monde est sans surprise et sans étrangeté,
    Ils en suivent la loi, c’est fort simple, à la lettre.

  2. En Garonne est un canard blanc
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    En Garonne on le voit souvent,
    Un canard qui nage et qui rêve,
    Il va se cacher quand se lève
    Sur le rivage, un brin de vent.

    Le canard marchant sur les grèves
    Songe à des récits captivants ;
    Un monde inconnu des savants
    Lui dicte des histoires brèves.

    Un jour, puis l’autre, est advenu :
    Il ne s’est de rien souvenu,
    Cet oiseau, négligent, peut-être.

    Palmipède en décor hanté,
    Pour toi, c’est peu de nouveauté,
    Ce fleuve a baigné tes ancêtres.

  3. Fil d’Ariane
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    La labyrinthe est noir et blanc ;
    Piaf-Tonnerre y circule en rêve.
    N’y pensant plus quand il se lève,
    Il ne m’en parle pas souvent.

    Un ondin marchant sur la grève
    Rencontre un dessin captivant ;
    Pour le lire, il faut un savant,
    Un ermite à la barbe brève.

    Le rêveur, d’être parvenu
    À son but, s’est-il souvenu ?
    En un autre songe, peut-être.

    Sortir de cet endroit hanté,
    Pour lui, c’est peu de nouveauté,
    Déjà le firent ses ancêtres.

  4. -------

    « Le labyrinthe est noir et blanc »

    (premier vers)

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