Poème 'Le hareng saur' de Charles CROS dans 'Le coffret de santal'

Le hareng saur

Charles CROS
Recueil : "Le coffret de santal"

A Guy.

Il était un grand mur blanc – nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle – haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur – sec, sec, sec.

Il vient, tenant dans ses mains – sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou – pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle – gros, gros, gros.

Alors il monte à l’échelle – haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu – toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc – nu, nu, nu.

Il laisse aller le marteau – qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle – longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur – sec, sec, sec.

Il redescend de l’échelle – haute, haute, haute,
L’emporte avec le marteau – lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s’en va ailleurs – loin, loin, loin.

Et, depuis, le hareng saur – sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle – longue, longue, longue,
Très lentement se balance – toujours, toujours, toujours.

J’ai composé cette histoire – simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens – graves, graves, graves,
Et amuser les enfants – petits, petits, petits.

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Commentaires

  1. Le Maître me donne un marteau
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    J’ai reçu cet outil, je me demande bien
    Ce qu’un marteau et moi nous pourrions faire ensemble.
    Je suis fort maladroit, et j’ai ma main qui tremble,
    Puis je ne sais pas trop comment cela se tient.

    Héphaïstos le fait actionner par ses chiens ;
    Mais je suis loin d’avoir un chien qui leur ressemble.
    Aussi, dans un carton, mes outils je rassemble,
    Tant d’objets sous mon toit, desquels je ne sais rien.

    Sans avoir de marteau, sans doute, je peux vivre,
    Car mes instruments sont ma plume et mes vieux livres,
    Et la bénédiction de quelques auteurs morts.

    Le marteau me regarde, il est toujours le même
    C’est un marteau sans maître ainsi que je les aime ;
    M’ayant bien contemplé, il s’allonge et s’endort.

  2. L'amour mode d'emploi

    Partout autour de soi on voudrait faire le bien,
    Ça n’est pas facile, tout du moins il me semble,
    L’enjeu est important, pour qui devant Dieu tremble,
    Convaincu que les clefs de l’Eden il détient.

    Mais pour les autres aussi ; c’est une vie de chien
    Que d’avoir en grippe soi et autrui ensemble,
    Mais comment la trouver la clarté qui rassemble
    (Saül en face d’elle ne voyait rien de rien) ?

    Doit-on faire un effort ou bien se laisser vivre ?
    Faut-il se référer aux dires des saints livres ?
    Le saurons-nous au moins lorsque nous seront morts ?

    Je devrais en avoir une idée tout de même,
    Il y en a un peu des êtres humains que j’aime,
    Parmi eux la beauté avec qui je m’endors.

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