Poème 'Le parfum' de Charles BAUDELAIRE dans 'Les Fleurs du Mal'

Le parfum

Charles BAUDELAIRE
Recueil : "Les Fleurs du Mal"

Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d’encens qui remplit une église,
Ou d’un sachet le musc invétéré ?

Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré !
Ainsi l’amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.

De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant sachet, encensoir de l’alcôve,
Une senteur montait, sauvage et fauve,

Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure.

Poème préféré des membres

LOLICID, ATOS et jadehrmc ont ajouté ce poème parmi leurs favoris.

Commentaires

  1. Apothicaire alchimiste
    ------------------------

    L’alchimiste a lentement préparé,
    En montrant même un peu de gourmandise,
    Une potion qui sent la vieille église,
    Ou d’un sous-bois le parfum éthéré.

    C’est la potion dont lui-même se grise
    Et dont il peut aussi se restaurer ;
    Elle est formée d’insectes mordorés,
    De chocolat, de lait, de fleurs exquises.

    Poudre écrasée au creux d’un mortier lourd,
    Jus fermenté au secret d’une alcôve,
    Une senteur de fruit, sauvage et fauve,

    Sur l’estomac, ce philtre est un velours,
    Tout imprégné d’une sagesse pure,
    Mais son effet pas bien longtemps ne dure.

  2. Griffon métaphysicien
    -------------------

    Ce griffon fut habile à comparer
    Plusieurs concepts, il les relativise ;
    Il contredit les princes de l’Église,
    il se complaît dans un monde éthéré.

    Il indispose une éminence grise,
    Car son discours n’est pas édulcoré ;
    Un clin d’oeil leste, un verbe coloré,
    Trop de finesse aussi dans l’analyse.

    Son adversaire est un prélat fort lourd
    Et coutumier du bar et de l’alcôve ;
    Bien dangereux, ainsi que sont les fauves.

    Trop tranchante est sa langue de velours,
    Son coeur est plein de rhétorique pure ;
    Cet homme doux dit des paroles dures.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS