Poème 'Les hôtes éternels' de guillaumePrevel

Les hôtes éternels

guillaumePrevel

Observe la beauté de cette nuit étrange,
Et vois la clarté mystérieuse du silence
Dans la salle du bal où les fantômes dansent!
Car à minuit tapante tout se mélange

Et nous voilà prisonniers des mélancoliques portraits
Dont les hôtes éternels ont quitté le cadre pour nous laisser voir
La fête spectrale où se mêlent la brume et les regrets
Sous des airs anciens sortis d’antiques claviers d’ivoire;

Que seul trouble le tic-tac lourd de l’horloge!
Et malgré moi je chante la beauté des femmes blêmes
En écoutant l’écho de la fête qui vient jusqu’à ma loge;
Faite d’un vieux tableau en bois de Bohême.

Mais enfin, le temps présent repousse la brume de sa chaleur,
Et les frissons des aïeuls trépassés
Quittent malheureux la scène de leur gloire passée
En regagnant leurs portraits en des poses lassées sans bonheur.

Alors, les anges du Divin venus à notre secours
Nous aident à quitter nos prisons inertes et taciturnes
En nous décrochant des portraits de velour ;
Pour rendre au château sa sérénité nocturne.

Enfin, attendant le retour libératoire du jour,
J’ouvre à jamais les portes au temps prisonnier
Et alors je sens dans mon dos la caresse du froid s’échapper
Tandis que des voix suppliantes m’interdisent que je cours!

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