Petites misères d’hiver
Vers les libellules
D’un crêpe si blanc des baisers
Qui frémissent de se poser,
Venus de si loin, sur leurs bouts cicatrisés,
Ces seins, déjà fondants, ondulent
D’un air somnambule…Et cet air enlise
Dans le défoncé des divans
Rembourrés d’eiders dissolvants
Le Cygne du Saint-Graal, qui rame en avant !
Mais plus pâle qu’une banquise
Qu’Avril dépayse….Puis, ça vous réclame,
Avec des moues d’enfant goulu,
Du romanesque à l’absolu,
Mille Pôles plus loin que tout ce qu’on a lu !….
Laissez, laissez le Cygne, ô Femme !
Qu’il glisse, qu’il rame,Oh ! que, d’une haleine,
Il monte, séchant vos crachats,
Au Saint-Graal des blancs pachas,
Et n’en revienne qu’avec un plan de rachat
Pour sa petite sœur humaine
Qui fait tant de peine….
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
- Dimanches (Les nasillardes cloches)
- Cas rédhibitoire (Mariage)
- Nobles et touchantes divagations sous la Lune
- Solutions d'automne
- Petites misères de juillet
- Dimanches (J'aime, j'aime de tout mon...
- Complainte des crépuscules célibataires
- Complainte des noces de Pierrot
- Eponge définitivement pourrie
- Dimanches (C'est l'automne...)
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire