Poème 'Pudentiane' de Tristan CORBIERE dans 'Les Amours jaunes'

Pudentiane

Tristan CORBIERE
Recueil : "Les Amours jaunes"

Attouchez, sans toucher. On est dévotieuse,
Ni ne retient à son escient.
Mais On pâme d’horreur d’être : luxurieuse
De corps et de consentement !…

Et de chair… de cette oeuvre On est fort curieuse.
Sauf le vendredi – seulement :
Le confesseur est maigre… et l’extase pieuse
En fait : carême entièrement.

… Une autre se donne. – Ici l’On se damne –
C’est un tabernacle – ouvert – qu’on profane.
Bénitier où le serpent est caché !

Que l’Amour, ailleurs, comme un coq se chante…
CI-GÎT ! La pudeur-d’-attentat le hante…
C’est la Pomme (cuite) en fleur de pêché.

Rome. – 40 ans. – 15 août.

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Commentaires

  1. Un serpent parle en langue d'homme
    Pour dire à Ève que la pomme
    Est pure, et qu'il faut la manger,
    Et que la chose est sans danger.

    Ève observe le fruit sur l'arbre ;
    Elle ne peut rester de marbre
    Et dit, d'une voix qui chavire :
    « Je suis votre conseil, Messire ».

  2. Démon plutôt discret
    ---------

    Ce diable inoffensif en un fruit se déguise,
    Dont la très douce écorce a des reflets dorés ;
    Par les premiers humains ce fruit fut admiré,
    Eve à s’en emparer fut quand même indécise.

    En son coeur s’affirmait une crainte imprécise,
    Comme il advient devant un objet désiré ;
    Puis, avec elle-même ayant délibéré,
    Trouva qu’il valait mieux cueillir quelques cerises.

    Au jardin, cependant, vient un autre démon,
    Les soirs de pleine lune il dévale des monts ;
    Son rire inconvenant sous les arbres résonne.

    Reptilien, sans conteste, est son déguisement,
    Lui qui sait parler comme un héros de roman ;
    Son malfaisant esprit perversement raisonne.

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