Poème 'Soir éternel' de Charles CROS dans 'Le coffret de santal'

Soir éternel

Charles CROS
Recueil : "Le coffret de santal"

Dans le pare, les oiseaux se querellent entre eux.
Après la promenade en de sombres allées,
On rentre; on mange ensemble, et tant de voix mêlées
N’empêchent pas les doux regards, furtifs, heureux.

Et la chambre drapée en tulle vaporeux
Rose de la lueur des veilleuses voilées,
Où ne sonnent jamais les heures désolées!…
Parfums persuadeurs qui montent du lit creux!…

Elle vient, et se livre à mes bras, toute fraîche
D’avoir senti passer l’air solennel du soir
Sur son corps opulent, sous les plis du peignoir.

A bas peignoir! Le lit embaume. Ô fleur de pêche
Des épaules, des seins frissonnants et peureux!…
Dans le parc les oiseaux se font l’amour entre eux.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Colloque des pluvians
    ------------------------

    Les pluvians sur la rive ont débattu entre eux.
    Ce sont de beaux discours, d'étranges envolées,
    Sonores arguments, vocalises mêlées,
    D'être orateurs les rend visiblement heureux.

    Du crocodile on voit le regard vaporeux
    Émettre vers la scène une lueur voilée ;
    Il ne dit pas un mot, de sa voix désolée,
    La plage à son corps lourd fait un lit dans un creux.

    La rivière à leurs pieds s'écoule, toute fraîche,
    Le débat se poursuit, jusque fort tard, le soir,
    Les arbres riverains sont des fantômes noirs.

    Un artiste, auprès d'eux, s'active et se dépêche,
    Scrupuleux chroniqueur, dessinateur fiévreux :
    Gotlib fait des oiseaux un portrait rigoureux.

  2. Symposium des canards
    -----------------------

    Les canards ont élu les plus nobles d’entre eux
    Dont toujours les débats sont de haute volée ;
    Ils savent clarifier les choses emmêlées,
    Tout en ne produisant nul argument foireux.

    Leurs esprits abreuvés d’un bon vin liquoreux
    Peuvent voir la couleur des vérités voilées ;
    De beaucoup de tourments leur âme est consolée,
    Sans user pour cela de moyens onéreux.

    Un pluvian leur transmet quelque nouvelles fraîches,
    Ils s’instruisent aussi dans un journal du soir ;
    Ils consultent parfois le noble dindon noir.

    Le cormoran partage avec eux ce qu’il pêche,
    La faisane leur lance un regard amoureux ;
    Vous l’avez bien compris, ces canards sont heureux.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS