Poème 'Statue ou épouvantail' de Raymond RADIGUET dans 'Les Joues en feu'

Statue ou épouvantail

Raymond RADIGUET
Recueil : "Les Joues en feu"

Les seins du marbre, mes fruits lourds
Arrondis par le lourd soleil,
S’ils rougissent, tout est perdu,
Je les nomme pommes d’amour.

C’est, entier, un verger marin,
À elle seule que Vénus ;
Verger par lui-même trahi !
Car Vénus, pendant son sommeil,

Nous livre ses secrets, ses fruits.
(Installé le moineau, corail
Sur ta branche, il la fait plier),
Heureux qui ne doute de rien !

Sans crainte, vagues, picotez
L’arbre du corail effronté :
Dans son rôle d’épouvantail
Vénus manque d’autorité.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. L'épouvantail s'est senti lourd,
    Et las de rester au soleil.
    Hélas, que de temps sans sommeil,
    Sans promenade et sans amour.

    Planté là dans le vent marin,
    Sans jamais parler à personne ;
    Sans qu'heure joyeuse ne sonne,
    Planté là comme un mandarin.

    Sans pouvoir manger un seul fruit.
    Enviant moineaux et moinelles
    Et plus encore une hirondelle :
    Heureux qui dans les airs s'enfuit !

    Son rôle lui a tant pesé
    Que l'épouvantail en révolte
    Cessa de garder la récolte,
    En corbeau métamorphosé.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS