Voyant ces monts de veue ainsi loingtaine
Voyant ces monts de veue ainsi lointaine
Je les compare à mon long desplaisir.
Haut est leur chef, et hault est mon desir,
Leur pied est ferme et ma foy est certaine.D’eux mainct ruisseau coule et mainte fontaine,
De mes deux yeulx sortent pleurs à loisir ;
De forts souspirs ne me puis dessaisir,
Et de grands vents leur cime est toute plaine.Mille troupeaux s’y promènent et paissent,
Autant d’amours se couvent et renaissent ;
Dedans mon coeur, qui seul est leur pasture.Ils sont sans fruict, mon bien n’est qu’apparence,
Et d’eulx à moy n’a qu’une difference,
Qu’en eux la neige, en moy la flamme dure.
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Manoir de Piaf-Tonnerre
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Un beau manoir, une contrée lointaine,
Sans nulle peine et sans nul déplaisir ;
En abritant ses modestes désirs,
L’oiseau savoure une joie incertaine :
Au vert jardin se trouve une fontaine,
Quelques poissons y prennent leur plaisir ;
D’icelui, nul ne les peut dessaisir,
Car de douceur leur âme est toute pleine.
Aux noirs corbeaux est donnée la pâture,
Le seigneur a chez lui sa nourriture,
Et tout cela sans effort apparent.
Ce vieux logis, qui fut à ses parents
Semble habité d’un bonheur transparent,
Loin de travail et de littérature.
Manoir suspendu
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Il peut voler vers les terres lointaines,
Le roi d’Espagne en a du déplaisir ;
Ses habitants n’ont guère de désirs,
Ils sont heureux dans la nef incertaine.
C’est l’eau du ciel qui leur sert de fontaine,
Elle se change en vin, pour leur plaisir ;
De leur manoir, qui peut les dessaisir,
Ou du trésor, ou des barriques pleines ?
Beaucoup plus bas sont les vertes pâtures,
C’est peu fréquent qu’ils ne s’y aventurent,
Mais le sol ferme, ils le trouvent marrant.
Ils sont volants, comme leurs grands-parents,
Ces habitants d’un monde transparent ;
Étranges sont les lois de la Nature.