Poème 'L’aube à l’envers' de Paul VERLAINE dans 'Jadis et naguère'

L’aube à l’envers

Paul VERLAINE
Recueil : "Jadis et naguère"

Le Point-du-Jour avec Paris au large,
Des chants, des tirs, les femmes qu’on  » rêvait « ,
La Seine claire et la foule qui fait
Sur ce poème un vague essai de charge.

On danse aussi, car tout est dans la marge
Que fait le fleuve à ce livre parfait,
Et si parfois l’on tuait ou buvait,
Le fleuve est sourd et le vin est litharge.

Le Point-du-Jour, mais c’est l’Ouest de Paris !
Un calembour a béni son histoire
D’affreux baisers et d’immondes paris.

En attendant que sonne l’heure noire
Où les bateaux-omnibus et les trains
Ne partent plus, tirez, tirs, fringuez, reins !

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Commentaires

  1. Verlaine au comptoir
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    Devant Verlaine était un pichet large.
    Tout en buvant, le poète rêvait
    Aux vers charmants qu’il avait jadis faits ;
    De ce trésor, nos mémoires se chargent.

    Mille sonnets, des dessins dans les marges,
    Dans un accord le plus souvent parfait
    (Ce sont des mots que la muse buvait
    Sans soif pourtant, soit dit à sa décharge).

    Verlaine dort en un coin de Paris ;
    Sa tombe est verte et grise, sans histoire.
    De ses couplets, si le fleuve est tari,

    L’esprit survit dans la belle encre noire,
    Ces mots subtils, ce coup d’oeil, cet entrain ;
    Un monument plus ferme que l’airain.

  2. Pichets de gueules
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    Douze joyeux buveurs attablés dans la salle,
    Savourant des boissons qui semblent à leur goût,
    Admirant la serveuse et ses longs cheveux roux,
    La douce tavernière, admirable vestale.

    Les pichets semblent dire «Allons, buvons un coup,
    Mais n’allons pas jusqu’à l’ivresse générale.»
    Les beaux tire-bouchons présentent leur spirale,
    L’après-midi s’avance et le vin se fait doux.

    Des poèmes sans suite ont traversé nos lèvres,
    Composés sans clameur, sans recherche et sans fièvre,
    Ils demandent de l’encre, et non de la sueur.

    Les pichets rafraîchis se vident en cadence,
    Le soleil vespéral n’est plus qu’une lueur,
    La fumée du tabac se fait un peu plus dense.

  3. Tavernier songeur
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    De ce troquet, ne passons pas au large,
    C’est justement l’endroit dont je rêvais ;
    D’un peu de vin partageons les bienfaits,
    L’animation, le tavernier s’en charge.

    Ce vieux barman de ce monde est en marge,
    Pardonnons-lui, personne n’est parfait ;
    Déjà, bien jeune, en ce lieu je buvais
    (Modérément, soit dit à ma décharge).

    Quand un touriste arrive des lointains,
    Nous échangeons des blagues, des histoires
    Et des propos, parfois fort incertains.

    La nuit, dehors, est de plus en plus noire,
    Le tavernier ne perd pas son entrain ;
    Il est à l’aise, il est sur son terrain.

  4. Ailes déventées
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    Moulin démesuré, voilure colossale,
    Mais le vent par ici ne souffle plus du tout ;
    Sur le manque de blé veille un maigre matou,
    Et sur la meule qui d’Eole fut vassale.

    Au coin du bois le pâtre entend hurler un loup,
    Mais il n’en pense rien, cette chose est normale ;
    Ici chantent toujours quelques voix animales,
    Le vieux moulin s’endort aux notes du hibou.

    Le meunier qui jadis valait plus qu’un orfèvre
    Est parti s’exiler en des terres de fièvre ;
    Sa chemise est toujours imbibée de sueur.

    Quand vient un calme plat, nous sommes sans défense,
    L’intelligence en nous n’est plus qu’une lueur
    Éclairant vainement du grand souffle l’absence.

  5. Fontaine des Trois Grâces
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    Sous la pression, l'eau s'écoule en flots larges,
    Tout au sommet, celles dont tu rêvais ;
    Trois femmes dont les corps sont fort bien faits,
    Qui volontiers de t'égayer se chargent.

    De leurs portraits le scribe orna la marge
    D'un bref traité sur ce monde imparfait ;
    C'était un gars qui leurs trois noms savait.
    Les lui apprit l'instituteur de Garges.

    Elles sont nées dans des temps très lointains,
    Peu d'érudits connaissent leur histoire ;
    Plusieurs détails pour eux sont incertains.

    De ces chercheurs défaille la mémoire,
    Ce qui jamais ne bride leur entrain ;
    Fort rarement un doute les étreint.

  6. Fontaine par Jacky Dumergue et jbb (merci à Franquin)

  7. c'est pas pire que si c'était mieux!!!

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