Poème 'L’exilée' de José-Maria de HEREDIA dans 'Les Trophées'

L’exilée

José-Maria de HEREDIA
Recueil : "Les Trophées"

Dans ce vallon sauvage où César t’exila,
Sur la roche moussue, au chemin d’Ardiège,
Penchant ton front qu’argente une précoce neige,
Chaque soir, à pas lents, tu viens t’accouder là.

Tu revois ta jeunesse et ta chère villa
Et le Flamine rouge avec son blanc cortège ;
Et pour que le regret du sol Latin s’allège,
Tu regardes le ciel, triste Sabinula.

Vers le Gar éclatant aux sept pointes calcaires,
Les aigles attardés qui regagnent leurs aires
Emportent en leur vol tes rêves familiers ;

Et seule, sans désirs, n’espérant rien de l’homme,
Tu dresses des autels aux Monts hospitaliers
Dont les Dieux plus prochains te consolent de Rome

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Commentaires

  1. Chevalier perdu dans la vie
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    Ce chevalier perdu pense qu’on l’exila ;
    Que le destin est dur, que la vie est un piège,
    Que longs sont les chemins et que froide est la neige.
    Et puis, que lui importe, être ici, être là ?

    Lui faudra-t-il prier le grand Saint Nicolas
    Pour que des anges blancs descendent, en cortège,
    Apportant la lumière, ou bien l’espoir, que sais-je ?
    Prier, il ne veut plus, ayant le coeur bien las.

    Veut-il notre pitié, ce chevalier précaire,
    Dont plusieurs ennemis au combat se moquèrent ?
    Veut-il le réconfort d’un regard familier ?

    Son pas suit les chemins ne menant pas à Rome,
    Son esprit est déçu de la terre et des hommes ;
    Pourra-t-il découvrir un monde hospitalier ?

  2. Manoir des chevaliers
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    C’est un palais magique où vécut Attila,
    Il fut restauré par la duchesse Nadège ;
    Grisâtres sont les murs, jadis couleur de neige,
    Mais ils sont pleins d’entrain, les gars qui vivent là.

    Ils boivent au matin leur bol de chocolat,
    Puis en lieu secret se rendent en cortège ;
    Un moine en cet endroit pratique un sortilège,
    Qui est, chaque dimanche, assisté d’un prélat.

    Ce sont des chevaliers de sagesse précaire,
    Qui à leur formation longuement s’appliquèrent;
    Ils aiment les auteurs qui leur sont familiers.

    Ils aiment leur verger où mûrissent des pommes,
    Le cidre qu’ils en font charme le coeur des hommes ;
    Ils en ont consommé des tonneaux par milliers.

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José-Maria de HEREDIA

Portait de José-Maria de HEREDIA

José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]

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