Poème 'La Maison' de Robert DESNOS dans 'Contrée'

La Maison

Robert DESNOS
Recueil : "Contrée"

Trois fois le vent, plus libre et plus furieux qu’un ange,
A soufflé dans son cor auprès de la maison.
Qu’un ange ? C’est un ange évadé de prison
Qui descend l’escalier mais que l’ombre dérange,

L’ombre qui le repousse et dont la toile étrange
Accroche des soleils aux fils de l’horizon
Et plus de vers luisants qu’il n’en est au gazon
Ou dans l’obscurité protectrice des granges.

Il descend et son pas tinte dans l’escalier
Comme un pot de cristal sur le sol du cellier.
Il descend, il atteint déjà le vestibule.

Le porche s’ouvre en grand sur l’entonnoir des nuits.
J’écoute et l’imagine. Il marche, il sort, il fuit,
Il vole dans un ciel crevé de péninsules.

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Commentaires

  1. Le concombre masqué rêve qu'il est un ange,
    Par une cheminée entrant dans sa maison ;
    Il arpente les lieux pour ouvrir la prison
    De ceux qui sont fixés, et que cela dérange.

    Le concombre se voit, lors de ce rêve étrange,
    Proposer aux objets de vastes horizons,
    Laisser les radiateurs danser sur le gazon
    Et le blanc lavabo s'amuser dans la grange.

    Grimpant péniblement au long de l'escalier,
    Un robinet de cuivre a surgi du cellier ;
    Sur deux pieds de métal, il court au vestibule.

    Et le pauvre concombre, au milieu de la nuit,
    Galope en poursuivant le robinet qui fuit,
    Espérant le piéger dans une péninsule.

  2. C'est ce qu'on appelle un bout-rimé (et une réussite du genre...).

    (Un bout-rimé étant un poème construit sur des mots imposées à la rime. Note à l'intention des jeunes qui n'ont pas le temps d'apprendre ce genre de choses à l'école, trop occupés à potasser le Bled orthographique et le manuel de maniement du nouvel ail faune...)

    (Note malhonnête: ça n'est pas à l'école que j'ai appris ce qu'était un bout-rimé.)

  3. (...)

    Cette chanson en parle sobrement.

    C'est sur un air de Leconte de Lisle
    Que fut construit ce bout-rimé débile.
    Que le vieux Maître en soit félicité,
    Ma foi en lui toujours se renouvelle.
    Que je voudrais qu'elle fût éternelle,
    Que mon esprit toujours y pût goûter !

    Où dormez-vous, mes amantes divines ?

    (...)

  4. Antiquité d’une maison
    -----------

    Moi, je me dresse auprès d’une friche ombragée,
    Au centre du terrain subsiste un arbre mort ;
    Tout se met à danser quand le vent souffle fort,
    Sauf lui, dont nous voyons la posture inchangée.

    Dans la brume souvent cette friche est plongée,
    En ces jours elle forme un irréel décor ;
    Un spectre y fait glisser son absence de corps,
    Nulle phrase avec lui ne peut être échangée.

    En ce sombre logis vit un faible rimeur
    Qui de quelques sonnets se forge un édifice ;
    Il lit plus qu’il n’écrit, insensible aux rumeurs.

    À Cupidon jadis offrant des sacrifices,
    Il craignait de ce dieu la trop changeante humeur,
    Mais lui disait merci pour quelques bons offices.

  5. Manoir ringard
    ---------------

    Maison par l’ennui ravagée
    Où règne un silence de mort ;
    Refroidie par le vent du nord,
    La demeure en est affligée.

    La lourde charpente est rongée
    Par mille termites retors ;
    Nous déplorons ce triste sort,
    Trop de tâches sont négligées.

    Que s’en inspire un sot rimeur,
    Je n’y vois qu’un pauvre artifice ;
    Ça me met de mauvaise humeur.

    D’où sont venus ces maléfices ?
    Je me souviens qu’il fut charmeur,
    Cet épouvantable édifice.

  6. et bientôt l'anniversaire! 1 an sans réponse du prétendu modérateur; est-il en hibernation ? et mes poèmes toujours en stand by!

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