Poème 'La Vague et la Cloche' de François COPPÉE dans 'Le Reliquaire'

La Vague et la Cloche

François COPPÉE
Recueil : "Le Reliquaire"

Une fois, terrassé par un puissant breuvage,
J’ai rêvé que parmi les vagues et le bruit
De la mer je voguais sans fanal dans la nuit,
Morne rameur, n’ayant plus l’espoir du rivage.

L’Océan me crachait ses baves sur le front
Et le vent me glaçait d’horreur jusqu’aux entrailles ;
Les lames s’écroulaient ainsi que des murailles,
Avec ce rythme lent qu’un silence interrompt.

Puis tout changea. La mer et sa noire mêlée
Sombrèrent. Sous mes pieds s’effondra le plancher
De la barque… Et j’étais seul dans un vieux clocher,
Chevauchant avec rage une cloche ébranlée.

J’étreignais la criarde opiniâtrement,
Convulsif, et fermant dans l’effort mes paupières ;
Le grondement faisait trembler les vieilles pierres,
Tant j’activais sans fin le lourd balancement.

Pourquoi n’as-tu point dit, ô rêve ! où Dieu nous mène ?
Pourquoi n’as-tu point dit s’ils ne finiraient pas,
L’inutile travail et l’éternel fracas
Dont est faite la vie, hélas ! la vie humaine ?

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Commentaires

  1. J'ai rêvé que j'étais sur une île déserte,
    Et que j'avais perdu, piètre navigateur,
    Mon navire aux récifs traîtres de l'Equateur.
    Sur l'île je faisais d'étranges découvertes.
    *
    J'entendais discourir un arbre aux feuilles vertes
    Qui de toute pitance était distributeur,
    Et de livres aussi, faits par les bons auteurs ;
    Et pour dormir la nuit, il donnait des couvertes.
    *
    Je vis un lac de rhum ambré aux belles plages.
    Il m'a suffi, d'ailleurs, d'errer sur son rivage,
    Respirant ses vapeurs, je fus ivre bientôt.
    *
    Et dans ce double état de rêve et de délire,
    Mon cerveau mélangeait le meilleur et le pire,
    Jusqu'au brutal réveil -- sur le pont d'un bateau

  2. Cloche d’inframonde
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    Un univers sans âme, une étendue déserte ;
    Les échos de la voix d’un démon tentateur ;
    J’ai rêvé que j’étais, perplexe spectateur,
    Arrivé dans ce lieu par une porte ouverte.

    L’air était un poison, ma peau devenait verte,
    Je n’étais secouru par aucun sauveteur ;
    Mais, je ne sais comment, j’ai pris de la hauteur,
    Sans craindre, désormais, de courir à ma perte.

    Puis, je me suis perdu dans un vagabondage ;
    J’aventurai mes pas sur un pont de cordages,
    Espérant que ce jeu devait finir bientôt.

    S’agissait-il d’un jeu ? N’était-ce qu’un délire ?
    Ce qui me réveilla, j’hésite à vous le dire,
    C’est un son familier, la cloche d’un bateau.

  3. LDjvaITZw

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