Poème 'Le Jongleur' de François COPPÉE dans 'Poëmes Divers'

Le Jongleur

François COPPÉE
Recueil : "Poëmes Divers"

A Catulle Mendès

Las des pédants de Salamanque
Et de l’école aux noirs gradins,
Je vais me faire saltimbanque
Et vivre avec les baladins.

Que je dorme entre quatre toiles,
La nuque sur un vieux tambour,
Mais que la fraîcheur des étoiles
Baigne mon front brûlé d’amour.

Je consens à risquer ma tête
En jonglant avec des couteaux,
Si le vin, ce but de la quête,
Coule à gros sous sur mes tréteaux.

Que la bise des nuits flagelle
La tente où j’irai bivaquant,
Mais que le maillot où je gèle
Soit fait de pourpre et de clinquant.

Que j’aille errant de ville en ville
Chassé par le corrégidor,
Mais que la populace vile
M’admire ceint d’un bandeau d’or.

Qu’importe que sous la dentelle,
Devant mon cynisme doré,
Les dévotes de Compostelle
Se signent d’un air timoré,

Si la gitane de Cordoue,
Qui sait se mettre sans miroir
Des accroche-cœurs sur la joue
Et du gros fard sous son œil noir,

Trompant un hercule de foire
Stupide et fort comme un cheval,
M’accorde un soir d’été la gloire
D’avoir un géant pour rival !

Croule donc, ô mon passé, croule,
Espoir des avenirs mesquins,
Et que je tienne enfin la foule
Béante sous mes brodequins !

Et que, l’œil fou de l’auréole
Qu’allume ce serpent vermeil,
Elle prenne un jour pour idole
Le fier jongleur, aux dieux pareil !

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Clown dans les feuillages
    ----------------------

    Je ris près du chemin pour amuser les gens,
    Ah ! mais non, ça n’est pas pour gagner de l’argent.
    Je ris pour dérider ceux qui vont à l’église,
    Et qu’ils oublient ainsi que leur âme est bien grise.

    Que sert-il de penser que l’on n’a plus vingt ans,
    Et que l’on ne rira guère fort ni longtemps ?
    Car nul ne peut, sans fin, se blottir dans ses larmes,
    Et mieux vaut savourer le rire qui désarme.

    Apprenez ce métier ! Faites rire ! En avant
    Pour le grand festival des bouffons dans le vent,
    Dans l’averse de mars, sous les cieux qui se brouillent,
    Au pied de l’arc-en-ciel, où chantent les grenouilles.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS