Poème 'Le Navire gelé' de Jules LEFÈVRE-DEUMIER dans 'Le Livre du Promeneur'

Le Navire gelé

Jules LEFÈVRE-DEUMIER
Recueil : "Le Livre du Promeneur"

Des voyageurs racontent qu’au milieu des glaces arc­tiques, ils rencontrèrent un vieux navire gelé par les hivers. Ils pénétrèrent, avec une terreur mêlée de respect, dans cette nef vide et froide, où tout semblait métamorphosé par le temps : les voiles, les agrès, les cordages. Ils peignent, d’une manière grave et puissante, le spectacle qu’on apercevait du tillac, à travers les embrasures de neige qui formaient ses bastingages. Le navire était immobile, et l’on voyait au loin des Alpes vagabondes, qui se ruaient les unes contre les autres avec un bruit épouvantable. Je me suis souvent rappelé cette image, en entrant le soir dans une église, dans ces grands vaisseaux de pierre, à l’ancre au milieu des tempêtes et des roulis du monde, qui défient les orages de leurs mâts de granit et de leurs voiles de marbre; on se sent saisi d’une sorte d’effroi curieux, en songeant que cette barque pétrifiée a beau ne pas bouger des flots, elle vous conduit au port.

26 janvier

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Commentaires

  1. Nef lourde
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    La nef porte le poids d’un temple vénérable.
    La coque du navire est en fin bois d’érable,
    Mais les ponts supérieurs sont en calcaire dur,
    Un matériau peu fait pour traverser l’azur.

    Il est pourtant désert, ce vaisseau minéral,
    On n’y verra jamais chanter nul cardinal,
    On n’y croise jamais les pas d’un organiste :
    Un goéland, parfois, sur les dalles de schiste.

    De matelots, pas un. Capitaine ou barreur,
    Fier gabier, moussaillon ou modeste rameur,
    Tous ont abandonné la nef immense et lourde
    Où j’entends, cependant, une prière sourde.

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