Poème 'Monsieur Prudhomme' de Paul VERLAINE dans 'Poèmes saturniens'

Monsieur Prudhomme

Paul VERLAINE
Recueil : "Poèmes saturniens"

Il est grave : il est maire et père de famille.
Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux
Dans un rêve sans fin flottent insoucieux,
Et le printemps en fleur sur ses pantoufles brille.

Que lui fait l’astre d’or, que lui fait la charmille
Où l’oiseau chante à l’ombre, et que lui font les cieux,
Et les prés verts et les gazons silencieux ?
Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille.

Avec monsieur Machin, un jeune homme cossu,
Il est juste-milieu, botaniste et pansu.
Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles,

Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a
Plus en horreur que son éternel coryza,
Et le printemps en fleur brille sur ses pantoufles.

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Commentaires

  1. Gloire des pantoufles
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    Les pantoufles, bien sûr, ça se porte en famille,
    Ces chaussons méprisés sont nobles à mes yeux ;
    Jarry dit qu’elles sont à l’image de Dieu,
    Ce sage de jadis qui par son bon sens brille.

    Elles peuvent calmer les orteils qui fourmillent,
    Et nous leur épargnons la colère des cieux ;
    Symboles de douceur et de juste milieu,
    Elle sont l’ornement des pieds des jeunes filles.

    Nous n’avons point besoin d’un modèle cossu,
    On peut utiliser n’importe quel tissu ;
    Elle savent chausser l’esthète et le maroufle.

    Le dangereux serpent qui la chute causa
    N’en aura plus besoin, c’est Adam qui les a ;
    Et tous nous admirons ces premières pantoufles.

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