Poème 'O calme nuit, qui doucement compose' de Pontus de TYARD dans 'Les erreurs amoureuses'

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O calme nuit, qui doucement compose

Pontus de TYARD
Recueil : "Les erreurs amoureuses"

Ô calme nuit, qui doucement compose
En ma faveur l’ombre mieux animée,
Qu’onque Morphée en sa salle enfumée
Peignit du rien de ses métamorphoses !

Combien heureux les oeillets et les roses
Ceignaient le bras de mon âme épâmée,
Affriandant une langue affamée
Du paradis de deux lèvres décloses !

Lorsque Phébus, laissant sa molle couche,
Se vint moquer de mes bras, de ma bouche,
Et de sa soeur, la lumière fourchue !

Ah que boiteux d’une poussive haleine
Soient ses chevaux, et ne cueille sa peine
Qu’un fruit amer de la vierge branchue !

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Commentaires

  1. Deux univers
    -----------------

    En pleine nuit, le loup d’argent compose
    Un chant sonore aux couplets animés ;
    Une sirène, en l’entendant rimer,
    Attend qu’en prince il se métamorphose.

    Chanter voudrait le lapin, mais il n’ose :
    Il craint, du loup, le gosier affamé.
    Il veut quitter ce sable mal famé
    Pour l’argent pur, où le canard se pose.

    Hurle, grand loup, de toute ton haleine :
    Tu prendras bien ainsi une baleine
    Si jusqu’ici elle vient en nageant.

    Deux univers, sans porte qui débouche
    De l’un vers l’autre, on ne sait s’ils se touchent,
    Argent sur sable et sable sur argent.

  2. Roger le Loup
    ----------

    C’est un loup bleu qui des récits compose,
    On croirait voir des dessins animés ;
    En son honneur je veux ces mots rimer,
    Ce narrateur dont nous aimons la prose.

    Dames y sont fraîches comme des roses,
    Puis des truands, de crimes affamés ;
    Des accidents, de moteurs enflammés,
    De grands vaisseaux, des avions qui se posent.

    La dame est sage, elle n’est pas vilaine,
    Tous ces dangers la tiennent en haleine
    Et ses amis, robots vêtus d’argent.

    Ses ennemis, même s’ils sont farouches,
    Prennent la voie qui sur l’échec débouche ;
    Et sont sauvés beaucoup de braves gens.

  3. Chant d’oiseau
    --------

    L’oiseau son propre chant compose,
    Par sa propre muse animé ;
    Il n’a que faire de rimer
    Ni de produire de la prose.

    Il est entendu par les roses
    Dont est ce printemps embaumé ;
    Il parle au soleil enflammé
    D’amour et de mille autres choses.

    Son âme, qui n’est pas vilaine,
    Lui dicte cette cantilène,
    Les sons noblement arrangeant.

    Chante donc, oiseau peu farouche,
    Jusqu’à ce que l’astre se couche ;
    Cela fait bien plaisir aux gens.

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Pontus de TYARD

Portait de Pontus de TYARD

Pontus de Tyard (ou de Thiard), seigneur de Bissy, est un écrivain et poète français, né le 20 avril 1521 à Bissy-sur-Fley dans le Chalonnais et mort le 23 septembre 1605 au château de Bragny-sur-Saône. Né à Bissy-sur-Fley en 1521, d’une maison noble de Bourgogne, Pontus de Tyard aura su au cours de sa longue vie... [Lire la suite]

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