Poème 'Saisons' de Robert DESNOS dans 'État de veille'

Saisons

Robert DESNOS
Recueil : "État de veille"

Le jour est à sa place et coule à fond de temps,
À moins que l’être monte à travers des espaces
Superposés dans la mémoire et délestant
La cervelle et le cœur de souvenirs tenaces.

Étés, puissants étés, votre nom même passe,
Être et avoir été, passe-temps et printemps,
Il passe, il est passé comme une eau jamais lasse,
Sans cicatrices, sans témoins et sans étangs.

Saisons, vous chérissez du moins le grain de blé
Qui doit germer aux jours de dégel et la clé
Pour ouvrir aux départs les portes charretières.

Les astres dans le ciel par vous sont rassemblés,
L’an va bientôt finir et des pas accablés
Traînent sur les chemins ramenant aux frontières.

1942

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Commentaires

  1. Lisières
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    Un jour, mais ce n'est rien qu'une somme d'instants ;
    L'occasion de franchir plusieurs petits espaces
    Qui l'un de l'autre sont parfois fort peu distants :
    Aisément, dans ce cas, de l'un à l'autre on passe.

    Tel est mon passe-temps, jamais je ne m'en lasse,
    Pas plus que les pommiers ne sont las des printemps,
    Pas plus que l'Océan ne reste à marée basse :
    De la répétition, je ne suis mécontent.

    Si tu crains que tout ça ne soit incontrôlé,
    C'est vrai, mais n'y vois point de quoi t'en affoler :;
    Verse un autre godet, belle cabaretière,

    Adresse ton sourire aux buveurs rassemblés
    Qui de cet univers aux confins bariolés
    Ont découvert, surtout, la rive et la frontière.

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