Sonnets de la Mort – 10 – Mais si mon foible corps qui comme l’eau s’escoule
Mais si mon foible corps qui comme l’eau s’escoule,
(Et s’affermit encor plus longtemps qu’un plus fort,)
S’avance à tous moments vers le sueil de la mort,
Et que mal dessus mal dans le tombeau me roule,Pourquoy tiendray-je roide à ce vent qui saboule
Le Sablon de mes jours d’un invincible effort ?
Faut-il pas resveiller cette Ame qui s’endort,
De peur qu’avec le corps la Tempeste la foule ?Laisse dormir ce corps, mon Ame, et quant à toy
Veille, veille et te tiens alerte à tout effroy,
Garde que ce Larron ne te trouve endormie :Le poinct de sa venüe est pour nous incertain,
Mais, mon Ame, il suffist que cest Autheur de Vie
Nous cache bien son temps, mais non pas son dessein.
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Licorne rose invisible
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Au parc de la licorne un long siècle s’écoule ;
Indolente, elle veille, et paisible, elle dort,
Sa vie n’est guère plus que ne serait la mort,
Le même jour toujours survient et se déroule.
Cet animal obscur se maintient, loin des foules,
Savourant les plaisirs qu’on obtient sans effort,
Laissant par le vitrail entrer le vent du Nord
Et dans le grand salon s’égarer quelques poules.
Licorne sans passion, qui suit une humble loi :
Veiller sans inquiétude et vivre sans effroi,
Et ne rien agiter dans cette âme endormie.
Il règne sur le parc un apaisant brouillard
Qui porte la fraîcheur aux plantes, ses amies,
Et leur narre un récit du Maître Chevillard.