Poème 'Stymphale' de José-Maria de HEREDIA dans 'Les Trophées'

Stymphale

José-Maria de HEREDIA
Recueil : "Les Trophées"

Et partout devant lui, par milliers, les oiseaux,
De la berge fangeuse où le Héros dévale,
S’envolèrent, ainsi qu’une brusque rafale,
Sur le lugubre lac dont clapotaient les eaux.

D’autres, d’un vol plus bas croisant leurs noirs réseaux,
Frôlaient le front baisé par les lèvres d’Omphale,
Quand, ajustant au nerf la flèche triomphale,
L’Archer superbe fit un pas dans les roseaux.

Et dès lors, du nuage effarouché qu’il crible,
Avec des cris stridents plut une pluie horrible
Que l’éclair meurtrier rayait de traits de feu.

Enfin, le Soleil vit, à travers ces nuées
Où son arc avait fait d’éclatantes trouées,
Hercule tout sanglant sourire au grand ciel bleu.

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Commentaires

  1. Dialogue de juillet
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    Une double licorne interroge un oiseau
    Invisible qui fuit la chaleur infernale :
    -- Où trouve-t-on de l’air ? Une fraîche rafale ?
    Est-ce au fond des forêts ? Serait-ce auprès des eaux ?

    -- Licorne, je ne peux rafraîchir tes naseaux !
    À toi de consommer des boissons tropicales,
    Des élixirs secrets, des potions médicales
    Que saurait concocter l’ondine des roseaux.

    -- J’irai donc voir l’ondine, et qu’elle passe au crible
    Ses fameux ingrédients, même les plus horribles,
    Pour contrer les effets de ce soleil de feu.

    -- Demain verra peut-être une heureuse nuée
    Qui baignera l’herbage en sa fraîche buée ;
    En attendant, rions, profitons du ciel bleu.

  2. Sagesse de trois roseaux
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    Très sage fut le roseau de naguére,
    Nombreux les faits dont son coeur se souvient ;
    Il sait le mal et préfère le bien,
    Il aime l’eau et respecte la terre.

    Auprès de lui, pensif et solitaire,
    De l’avenir le noir roseau se tient ;
    Il voit ce dont nul homme ne sait rien,
    En son esprit n’existe aucun mystère.

    Et le troisième est le plus effacé,
    Qui ne connaît ni futur, ni passé,
    Mais du présent la saveur sans égale.

    Il est paisible, il a son pied dans l’eau,
    C’est un rêveur, un maître du solo,
    Un sans-souci, comme fut la cigale.

  3. Grandeur d’un lapin
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    Ce lapin, dans l’aurore, écoute les oiseaux,
    Lui qui fut le vainqueur des forces infernales ;
    Sur elles, d’un cyclone il lança les rafales,
    Le principal démon disparut sous les eaux.

    Il fait fuir le goupil en fronçant les naseaux,
    Il ne craint même pas la faune tropicale ;
    De sa griffe précise, arme chirurgicale,
    Il tranche un bout de bois, comme on fait d’un roseau.

    Le chasseur du vallon ne le prend plus pour cible,
    Renonçant au succès qui lui semble impossible ;
    Sur d’autres animaux je le vois faire feu.

    Cet animal m’évoque un prince des nuées
    Aux yeux duquel un lion n’est qu’un peu de buée ;
    Le seul être qu’il craint, c’est un vieux lapin bleu.

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José-Maria de HEREDIA

Portait de José-Maria de HEREDIA

José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]

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