Poème 'Vélin doré' de José-Maria de HEREDIA dans 'Les Trophées'

Vélin doré

José-Maria de HEREDIA
Recueil : "Les Trophées"

Vieux Maître Relieur, l’or que tu ciselas
Au dos du livre et dans l’épaisseur de la tranche
N’a plus, malgré les fers poussés d’une main franche,
La rutilante ardeur de ses premiers éclats.

Les chiffres enlacés que liait l’entrelacs
S’effacent chaque jour de la peau fine et blanche ;
A peine si mes yeux peuvent suivre la branche
De lierre que tu fis serpenter sur les plats.

Mais cet ivoire souple et presque diaphane,
Marguerite, Marie, ou peut-être Diane,
De leurs doigts amoureux l’ont jadis caressé ;

Et ce vélin pâli que dora Clovis Ève
Évoque, je ne sais par quel charme passé,
L’âme de leur parfum et l’ombre de leur rêve.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Heredia, les sonnets dont tu m'ensorcelas
    Me font prendre aujourd'hui ma plume du dimanche
    Et sortir du tiroir l'album doré sur tranches
    Pour tâcher d'y répondre avec autant d'éclat.

    Mais tu es imbattable à ce noble jeu-là ;
    Je reste confondu, devant ma page blanche,
    Je dois renoncer à l'impossible revanche,
    Avant de commencer, mon projet tombe à plat.

    J'aurais dû m'en douter. Ce plan mégalomane
    Était démesuré pour un rimeur profane
    Répétant après toi les mots par toi tressés.

    À présent, je me tais, ou plutôt je dis « Trêve
    De forfanterie, car, comme auteur du passé,
    Tu n'es point surpassable, Heredia, même en rêve. »

  2. I happen to be cetionmmng to let you know of the outstanding discovery our daughter undergone using the blog. She even learned a wide variety of pieces, with the inclusion of what it is like to have an incredible helping mood to get other folks quite simply learn about several very confusing matters. You actually exceeded readers' expected results. I appreciate you for showing such powerful, safe, informative as well as fun tips on your topic to Emily.

  3. Plume changeante
    ------------

    La plume qui jadis par tant d’amour trembla
    Court désormais, sereine, au long des pages blanches;
    Quiconque au long du jour sur mes papiers se penche
    Pourra vous confirmer que c’est le calme plat.

    L’encre qui de désir et de peine brûla
    Se repose à présent, tiède comme un dimanche;
    Morphée sur Cupidon prend sa juste revanche,
    Ainsi passent des nuits et des jours sans éclat.

    La fleur resplendissante un autre jour se fane,
    Un trésor sacré tombe entre des mains profanes;
    Cela n’est que la Loi, n’en soyez pas blessés.

    Au cours des rangements que j’accomplis sans trêve,
    Je rencontre parfois un madrigal froissé,
    Et je murmure alors «Bon, ce ne fut qu’un rêve».

Rédiger un commentaire

José-Maria de HEREDIA

Portait de José-Maria de HEREDIA

José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS