Poème 'À tes yeux' de François COPPÉE dans 'Le Reliquaire'

À tes yeux

François COPPÉE
Recueil : "Le Reliquaire"

Telle, sur une mer houleuse, la frégate
Emporte vers le Nord les marins soucieux,
Telle mon âme nage, abîmée en tes yeux,
Parmi leur azur pâle aux tristesses d’agate.

Car j’ai revu dans leur nuance délicate
Le mirage lointain des Édens et des cieux
Plus doux, que ferme à nos désirs audacieux
La figure voilée et sombre d’une Hécate.

Hélas ! courbons le front sous le poids des exils !
C’est en vain qu’aux genoux attiédis des amantes
Nous cherchons l’infini sous l’ombre de leurs cils.

Jamais rayon d’amour sur ces ondes dormantes
Ne vibrera, sincère et pur, et les maudits
Ne retrouveront pas les anciens paradis.

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Commentaires

  1. Nef nordique
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    C’est une simple barque, et pas une frégate,
    Mais les rudes marins sont beaux comme des dieux;
    Le dauphin les contemple, un rire dans les yeux,
    La mer sous leur étrave a des reflets d’agate.

    C’est un vaisseau fragile, une nef délicate
    Qui vient du Nord lointain, qui connut d’autres cieux;
    Si l’équipage, un jour, accostait en ces lieux,
    Ce serait l’occasion d’une belle régate.

    Ces vaillants matelots ne craignent pas l’exil,
    Sans oublier pourtant d’écrire à leurs amantes ;
    Ils espèrent trouver un trésor au Brésil.

    Quand, sous le calme plat, les ondes sont dormantes,
    Ils ne diront jamais que le monde est maudit,
    Qui leur est avenant, sans être un paradis.

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