Poème 'Au temps des donjons' de Robert DESNOS dans 'État de veille'

Au temps des donjons

Robert DESNOS
Recueil : "État de veille"

As-tu déjà perdu le mot de passe ?

Le château se ferme et devient prison,
La belle aux créneaux chante sa chanson
Et le prisonnier gémit dans l’in pace.
Retrouveras-tu le chemin, la plaine,
La source et l’asile au cœur des forêts,
Le détour du fleuve où l’aube apparaît,
L’étoile du soir et la lune pleine ?
Un serpent dardé vers l’homme s’élance,
L’enlace, l’étreint entre ses anneaux,
La belle soupire au bord des créneaux,
Le soleil couchant brille sur les lances,
L’âge sans retour vers l’homme jaillit,
L’enlace, l’étreint entre ses années.
Amours ! Ô saisons! Ô belles fanées !
Serpents lovés à l’ombre des taillis.

1942

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Commentaires

  1. Château flottant
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    Un château flottant qui dans l'azur passe,
    Les caves n'y sont jamais des prisons ;
    Trois vestales, là, chantent leur chanson,
    L'orage les suit, l'écalir les dépasse.

    Bien loin par-dessous, c'est l'immense plaine,
    Et le fleuve noir, la vieille forêt,
    Le levant au loin où l'aube apparaît,
    Antarès qui brille, et la lune pleine.

    Le château léger dans les airs s'élance,
    Vestales aux doigts ne portent d'anneaux ;
    Chacune sourit au bord des créneaux,
    Rêvant, semble-t-il, d'un porteur de lance.

  2. "et juste avant de m’endormir cet autre vers de Desnos me revint : le château se ferme et devient prison. "

    Nicolas Bouvier, Poisson-Scorpion, 1982.

  3. Château d’Arpajon
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    C’est ici qu’a grandi la vicomtesse exquise,
    Nourrie de catéchisme et de petits gâteaux ;
    Sa gouvernante fut une belle marquise,
    Son précepteur un moine, érudit, mais pataud.

    De sa naissance on n’a nulle date précise,
    Ils n’en parleront pas, les murs du vieux château ;
    On en a seulement la chronique indécise
    Venant d’un rédacteur qui nous mène en bateau.

    La belle sut écrire une émouvante prose
    Mêlant à sa vraie vie des actes inventés ;
    La fin de ce récit n’est pas à l’eau de rose.

    Des pages de souffrance ou bien de volupté,
    Du bruit, de la fureur, d’habiles métaphores,
    Espérons qu’elle va nous en offrir encore.

  4. * * *
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  5. * * *
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    La dame d'Arpajon
    Nous prend pour des pigeons...

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