Musulmanes
À Camille de Sainte-Croix.
Vous cachez vos cheveux, la toison impudique,
Vous cachez vos sourcils, ces moustaches des yeux,
Et vous cachez vos yeux, ces globes soucieux,
Miroirs plein d’ombre où reste une image sadique ;L’oreille ourlée ainsi qu’un gouffre, la mimique
Des lèvres, leur blessure écarlate, les creux
De la joue, et la langue au bout rose et joyeux,
Vous les cachez, et vous cachez le nez unique !Votre voile vous garde ainsi qu’une maison
Et la maison vous garde ainsi qu’une prison ;
Je vous comprends : l’Amour aime une immense scène.Frère, n’est-ce pas là la femme que tu veux :
Complètement pudique, absolument obscène,
Des racines des pieds aux pointes des cheveux ?
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Germain NOUVEAU
Germain Marie Bernard Nouveau, né le 31 juillet 1851 à Pourrières (Var) où il est mort le 4 avril 1920, est un poète français. Il est l’aîné des 4 enfants de Félicien Nouveau (1826-1884) et de Marie Silvy (1832-1858). Germain Nouveau perd sa mère alors qu’il n’a que sept ans. Il est élevé par son... [Lire la suite]
Miroir qui rêve
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Le miroir déformant fait des rêves lubriques ;
Je le vois contempler, de ses regards sans yeux,
Des couples polissons qui dansent sous les cieux,
Tirant du vin nouveau d’une immense barrique.
Il voit l’étrange danse, il entend la musique,
Les râles du plaisir mêlant jeunes et vieux ;
Refléter le désordre en ce magique lieu,
Quel usage excellent des lois de la physique !
La lumière est bien basse, auprès de la maison
Où Cupidon, parfois, se croit mis en prison,
Spectacle sans public et sans metteur en scène.
Lecteur, tu es tenté, rejoins-les, si tu veux :
On dit que l’occasion doit se prendre aux cheveux,
Tant pis, si l’entreprise est de nature obscène.