Poème 'Nuits' de Robert DESNOS dans 'Destinée arbitraire'

Nuits

Robert DESNOS
Recueil : "Destinée arbitraire"

Femmes de grand air
Femmes de plein vent
Est-ce que la nuit est douce pour vous

Femmes de plein vent
Rôdeuses rencontrées à l’aube
Est-ce que la nuit ne vous déchire pas

Femmes de grand air
Laboureuses perdues dans les plaines
Est-ce que la nuit est une moisson pour vous

Femmes de plein vent
Marchandes de poissons aux mains crevassées
Est-ce que ta nuit coule vite pour vous

Femmes réveillées au petit jour
Femmes traînant au travail des pieds meurtris
Est-ce que la nuit est sans écho pour vous

La nuit est-elle douce ?
La nuit vous déchire-t-elle ?
Moissonnez-vous la nuit ?
La nuit coule-t-elle vite pour vous ?

Femmes de grand air
Femmes de plein vent
Femmes de la nuit de l’aube et du jour
Rôdeuses laboureuses poissonnières
Aimez-vous le plein air
Aimez-vous le grand vent ?

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Commentaires

  1. Lenteur du soleil d'or
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    Soleil installé dans les airs,
    Soleil ami du vent sauvage,
    Tu as fait mourir notre herbage ;
    Mais notre coeur n'est pas amer.

    Soleil, sans toi, la nuit est douce,
    Chacun y prend son réconfort ;
    Le lendemain, tes rayons forts
    Font périr, en forêt, la mousse.

    Mais il ne faut pas t'arrêter
    À notre plainte, assez modeste :
    Tu n'es pas un astre funeste,
    Ce n'est pas toi qui fais l'été.

  2. Chasseur de papillons de nuit
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    Dans une plaine ténébreuse,
    Mes proies surgissent tour à tour ;
    La nuit, je la préfère au jour,
    Car elle m’est plus savoureuse.

    Ainsi, jusqu’à l’aube laiteuse,
    Après des papillons je cours ;
    Ces derniers m’échappent toujours,
    Cette chasse est calamiteuse.

    De loin j’admire leur beauté ;
    Renonçant à ma cruauté,
    Mon vaste filet je dépose.

    Sachez-le, ma vie est ainsi,
    Et sans doute, la vôtre aussi ;
    Frères, faisons la part des choses.

  3. Un roi reptilien
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    Je suis monarque et sans attrait,
    Régnant sur trois arpents de terre ;
    Mes savoirs sont rudimentaires,
    D’un vieux grimoire ils sont extraits.

    S’il le fallait, je combattrais,
    Moi qui suis piètre militaire ;
    C’est ma faiblesse héréditaire,
    D’un perdant je suis le portrait.

    Heureusement, j’ai mes bouteilles
    De Bordeaux, dont je m’émerveille ;
    Je bois un coup, je suis content.

    Je m’abstiendrais, si j’étais sage,
    D’user de ce rouge breuvage ;
    Mais il me donne du bon temps.

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