Poème 'Je sens dedans mon ame une guerre civile' de Jean de SPONDE dans 'Les Amours'

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Je sens dedans mon ame une guerre civile

Jean de SPONDE
Recueil : "Les Amours"

Je sens dedans mon ame une guerre civile
D’un parti ma raison, mes sens d’autre parti,
Dont le bruslant discord ne peut estre amorti
Tant chacun son tranchant l’un contre l’autre affile.
Mais mes sens sont armez d’un verre si fragile
Que si le coeur bientost ne s’en est departi
Tout l’heur vers ma raison se verra converti,
Comme au party plus fort plus juste et plus utile.
Mes sens veulent ployer sous ce pesant fardeau
Des ardeurs que me donne un esloigné flambeau,
Au rebours la raison me renforce au martyre.
Faisons comme dans Rome, à ce peuple mutin
De mes sens inconstans arrachons-les enfin,
Et que notre raison y plante son Empire.

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Commentaires

  1. Poème emplit de musique et de rhétoriques mélodieuses !

  2. Les sept nations
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    En Terre d'Argent sont personnes fort civiles
    Qui toujours du bon sens adoptent le parti ;
    En Terre d'Azur sont des esprits amortis
    Qui devant le labeur chaque jour se défilent.

    De Gueules la Terre a des messieurs bien fragiles
    Et, qui plus est, ce sont de parfaits abrutis.
    En Terre d'Or ils sont du vice repentis :
    Cette démarche, en soi, me semble fort utile.

    En Terre de Sinople on charrie des fardeaux
    Même pendant la nuit, quand brûlent les flambeaux ;
    Gens de Terre d'Hermine, on ne peut faire pire,

    Traitent tous les débats à coups de calembours.
    S'il est un endroit qui convient à mes vieux jours,
    C'est la Terre de Sable, un agréable empire.

  3. Poisson de combat
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    Mon coeur est pur et mon âme est virile,
    Des opprimés j’adopte le parti ;
    Je suis gardien des mondes engloutis,
    Je ne saurais faire des choses viles.

    Ma grande épée défend les plus fragiles,
    Car mon honneur leur est assujetti ;
    Les prédateurs, soit je les convertis,
    Soit je détruis leur carcasse inutile.

    C’est un devoir, ce n’est pas un fardeau,
    De mes aïeux je porte le flambeau ;
    J’hérite d’eux le meilleur et le pire.

    Or, je faiblis, j’ai vécu trop de jours,
    De cette vie je perds un peu l’amour ;
    D’autres viendront, pour servir cet Empire.

  4. * * *
    ------

    Presque un poisson
    d'avril.

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Jean de SPONDE

Portait de Jean de SPONDE

Jean de Sponde (Joanes Ezponda, en basque), né en 1557 à Mauléon (Pays Basque) et mort le 18 mars 1595 à Bordeaux, est un poète baroque français. Né dans une famille liée à la cour de Navarre, élevé dans un milieu protestant et austère, brillant élève, il reçoit de Jeanne d’Albret, mère de Henri IV, une bourse... [Lire la suite]

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