Poème 'La Moisson' de Robert DESNOS dans 'Contrée'

La Moisson

Robert DESNOS
Recueil : "Contrée"

Incroyable est de se croire
Vivant, réel, existant.
Incroyable est de se croire
Mort, feu, défunt, hors du temps.
Incroyable est de se croire
Et plus incroyable encore
De se croire, pour mémoire,
Un rêve, une âme sans corps.

Belles roses du passé,
Roses, odorantes roses,
Qui dès l’aube frémissez,
À la nuit déjà décloses,
Votre sort rapide et long
Est égal à nos années
Même si, dans le salon,
On vous apporte fanées.

Nos dieux étaient trop fragiles,
C’étaient de petites gens,
Dans un petit domicile,
Vivant de fort peu d’argent.
Plus grande est notre fortune
Et plus sombre est notre sort.
Nous ne voulons pas la lune.
Nous ne craignons pas la mort.

Par nos cinq sens ligoté
Notre univers rapetisse.
Adieu rêve, adieu beauté !
De vous je fais sacrifice
Au monde trop limité.

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Commentaires

  1. Ma vie est comme une histoire
    Qu'un vieillard s'en va contant ;
    Ma vie est comme une histoire
    Qui se narre au temps présent
    Ma vie est comme une histoire
    Que l'écho répète encore
    Et qui vit dans ma mémoire
    D'une existence sans corps.

    Les inscriptions du passé
    Montrent de bien belles choses,
    De beaux sentiments tressés
    À des ceintures décloses,
    Un préambule un peu long
    Dans les premières années
    Et des semelles de plomb
    Quand les forces sont fanées.

    Goûter un bonheur fragile,
    Faire rire un peu les gens,
    Décorer un domicile
    Avec du papier d’argent,
    Tracer des vers de fortune :
    Il n'est pas mauvais, ce sort,
    Surtout quand brille la lune
    Au-dessus des arbres morts.

    Ce monde a, de tous côtés,
    Des merveilles qui se tissent ;
    Quand je m'y laisse flotter
    Je le devine propice
    Au règne de la beauté.

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