Table de sagesse
Pierre cachée dans les broussailles, mangée de limon, profanée de fientes, assaillie par les vers et les mouches, inconnue de ceux qui vont vite, méprisée de qui s’arrête là,
Pierre élevée à l’honneur de ce Modèle des Sages, que le Prince fit chercher partout sur la foi d’un rêve, mais qu’on ne découvrit nulle part
Sauf en ce lieu, séjour des malfaisants : (fils oublieux, sujets rebelles, insulteurs à toute vertu)
Parmi lesquels il habitait modestement afin de mieux cacher la sienne.
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Victor SEGALEN
Victor Segalen, né à Brest le 14 janvier 1878, mort le 21 mai 1919 à Huelgoat, est un poète, et aussi médecin de marine, ethnographe et archéologue français. Après des études de médecine à l’École du service de santé des armées de Bordeaux, Victor Segalen est affecté en Polynésie française. Il n’aime pas la... [Lire la suite]
Une pierre qui parle enseigne un monde, en vers ;
Explique-t-elle aussi nos coeurs inconsolables,
Nos minutes formant chacune un grain de sable
Dont plusieurs contenaient, peut-être, un univers...
La pierre ni les mots n’ont de penchant pervers.
Le scribe qui orna de ces signes la table
Suivait, à tous égards, des codes respectables
(Sauf à ce qu’il traça, peut-être, à son revers).
Or, ce scribe n’a pas un immense mérite
Pour avoir simplement observé les bons rites ;
D’une antique sagesse il était le vecteur.
Puissions-nous imiter ce propos salutaire,
Même si ce forum n’est pas un sanctuaire :
Et si nous y manquons, indignez-vous, lecteurs.
Voir aussi
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/08/08/une-stele/
Sagesse d’un bipède
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Il lit modérément de la prose et des vers,
Il nage dans le rêve et dans l’inconnaissable;
Il peut voir l’univers au creux d’un grain de sable,
Il aime son jardin même au coeur de l’hiver.
Ce bipède n’est pas un animal pervers,
Il apprécie d’avoir un verre sur sa table ;
Il exerça, jadis, des métiers respectables,
Il fut aventureux sans craindre les revers.
Son employeur, souvent, douta de son mérite,
Mais en lui pardonnant, toujours, selon les rites;
De nobles mandarins furent ses protecteurs.
Or, le voici qui goûte un repos salutaire,
Ayant trouvé refuge au fond d’un sanctuaire,
Ce scribe sans orgueil, ce paisible lecteur.